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Emilie Clepper s'amène à la salle Octave-Crémazie le 23 mai prochain dans le cadre de la tournée The Family Record Tour. L'artiste aux racines québécoises et texanes y présentera notamment les pièces de son plus récent album intitulé The Family Record, qui rassemble des chansons composées par son père Russell Clepper. Ce concert sera une rare occasion de voir Emilie et Russell réunis sur scène chez nous.

L'appel de la musique

Emilie Clepper, qui a grandi à Québec, a ressenti l'appel de la musique très jeune, avec une enfance marquée par le folk et le country. Alors qu'elle était petite, à la maison, Russell interprétait des pièces d'auteurs-compositeurs comme Townes Van Zandt, Gordon Lightfoot, Joe Ely, Butch Hancock, ou Tom Paxton, entre autres.

Plus tard, les frères d'Emilie et leurs amis ont ensuite craqué pour les légendaires Bob Dylan et Leonard Cohen. La musique de Tori Amos a aussi fait partie du parcours de la jeune femme.

« J'ai commencé à jouer de la guitare, j'avais 11 ans. Il y avait toujours des guitares chez nous, parce que mon père (Russell) jouait de la guitare depuis que j'étais toute petite. Il me chantait des chansons pour m'endormir le soir. Mes frères se sont mis à jouer de la guitare. C'est là que mon intérêt est vraiment apparu, car c'était mes grands frères et je voulais me caler un peu sur eux. Mon grand frère Jason m'a appris beaucoup de guitare, de finger-picking, comment faire des harmonies vocales, le temps qu'il était en vie», raconte Emilie, alors qu'elle se trouvait chez son père, aux États-Unis.

Papa Russell a habité chez nous pendant plusieurs années avant de retourner dans son Texas natal. « J'ai passé presque 18 ans à Québec. Je suis arrivé en 1981 et je suis reparti au Texas en 1999, je crois », précise l'auteur-compositeur-interprète né à Lubbock.

Alors que sa fille avait 13 ans, l'homme a eu toute une surprise lorsqu'il a entendu chanter Emilie. « Je ne savais pas qu'elle jouait de même de la guitare. Elle a pris sa guitare, elle a chanté. (Un ami et moi), on s'est regardé et on avait tous les deux la bouche ouverte. On ne pouvait croire ce que l'on entendait », raconte le paternel. « J'avais toujours pensé que ce serait mon fils Zachary qui allait se lancer dans la musique », ajoute-t-il.

La jeune femme se produisait ensuite avec son père lorsqu'elle lui rendait visite au Texas, raconte-t-elle. Emilie habite désormais la région de Chaudière-Appalaches, mais multiplie toujours les allers-retours outre-frontière pour des raisons familiales.

L'album The Family Record

Sur l'album The Family Record, paru en septembre dernier sur étiquette La Tribu et réalisé par Joe Grass, Emilie reprend les compositions de Russell.

Emilie Clepper et la grande migration, l'album précédent de l'artiste lancé en 2018, relevait davantage de la chanson francophone. Avec The Family Record, « on est vraiment dans l'Americana-country pour ce projet », territoires qu'elle avait déjà explorés avec un mini album baptisé Texas Eagle en 2013.

The Family Record se veut non seulement un hommage à son père, mais aussi le legs d'une mère à son jeune garçon.

Pendant plusieurs années, Russell a dû mettre la musique de côté pour se consacrer à ses responsabilités de père de quatre enfants. « J'ai trouvé que c'était comme un bel hommage pour le remercier de m'avoir transmis sa passion pour la musique », dit Emilie au sujet de cet opus.

« On avait toujours voulu faire un projet ensemble et là, on s'est dit que c'était le temps. On ne sait jamais ce qui peut arriver dans la vie », enchaîne-t-elle, même si la pandémie est venue un peu retarder l'aventure.

« En même temps, c'est un legs pour mon fils. Mon fils pourra toujours avoir ces chansons-là avec lui», ajoute Emilie en parlant de son garçon de 8 ans.

« Mon fils est né à Austin (Texas). Il vit au Québec. Quand on vit loin des personnes de notre famille, c'est une belle façon de les garder toujours avec nous quand on a leurs chansons. C'est quelque chose que je veux qui reste dans notre famille, mais (qui a aussi pour but de) faire du bien aux gens! Ce sont des chansons exceptionnelles, qui sont vraiment bien écrites. Mon père a un bac en journalisme, un bac en éducation. C'est quelqu'un qui maîtrise très bien le langage en général. Même avec la chanson en français (La valse à Gaétan), on le voit tout de suite. Je trouvais important que ces chansons-là soient entendues en général », explique la musicienne.

« J'aimerais que les gens qui aiment ma musique aient l'occasion de l'entendre et que les chansons qui le méritent puisque continuer d'être chantées après (mon départ) », dit Russell au sujet de son héritage musical. Avoir la possibilité de créer des liens avec les auditeurs est une chose très précieuse à ses yeux. La magie de la musique se trouve dans la « connexion entre les musiciens et ceux qui écoutent », poursuit-il.

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Cohérence musicale et saveur tex-mex

Parmi les nombreuses compositions de Russell, onze titres, dont un en français, ont été retenus pour figurer sur The Family Album. Sans que les chansons « soient toutes pareilles », les Clepper ont cherché à établir une certaine cohérence entre les morceaux.

« J'avais envie qu'on reste dans une saveur tout au long de l'album, qu'on reste dans une ambiance. Il y a des chansons plus festives, moins festives, mais on retrouve beaucoup d'accordéon. Il y a beaucoup d'influences Tejano, à cause de l'accordéon. C'est de la musique que mon père m'a fait découvrir quand j'étais adolescente et (qui est très présente) au Texas. »

Emilie a toujours apprécié ce style que l'on retrouve beaucoup au Texas et « l'aime de plus en plus ». Les influences du Mexique voisin se font d'ailleurs beaucoup ressentir dans la musique country du Texas. « C'est quelque chose qui est une très grande richesse et je voulais vraiment cette couleur-là sur l'album » avec l'accordéon et le violon, dit-elle.

La musique Tejano tire elle-même certaines origines de l'Europe de l'est, alors que des immigrants du Vieux-Continent mettaient le cap sur le Mexique et le Texas au 19e siècle.

Extrait d'Emilie Clepper & Russell Clepper

En concert au Grand Théâtre

Le 23 mai 2024, le public aura une rare chance de voir Emilie et Russell Clepper réunis sur une grande scène du Québec, à la salle Octave-Crémazie.

Birdie Veilleux, au violon et à la mandoline, Patricia Deslauriers, à la contrebasse, ainsi que d'autres musiciens dont l'identité restait à dévoiler au moment de rédiger ces lignes, se joindront alors du duo père-fille.

Le public aura droit à des pièces de The Family Record, mais aussi à d'autres morceaux du répertoire d'Emilie « qui vont de pair avec l'ambiance et le style du spectacle. C'est vraiment un spectacle Americana-country-folk », selon l'artiste.

Des chansons inédites de Russell seront aussi au menu, ainsi que des surprises, promet-elle.

« C'est la première fois qu'on va se produire comme ça sur une grande scène, ensemble au Québec. C'est une grande première », dit-elle. « Ça vaut la peine de venir voir ça! » conclut Emilie Clepper.

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