Photo : Camille Gladu-Drouin

Enthousiaste et allumé, Stéphane Archambault marie musique et histoires, racines et arts vivants. Il nous ouvre son univers.

Acteur dans plusieurs séries chouchous de la télé québécoise, chanteur du groupe folk-trad Mes Aïeux, Stéphane Archambault a lancé en mai 2025 un premier album solo intitulé Le Point. Ce projet intime, porté par des textes personnels, marque une étape importante de son parcours artistique. Sa tournée s’arrêtera à la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec le 6 décembre.

« Je voulais que ce soit l’album de la franchise, que ce soit le plus proche de moi possible. […] C’est la première fois que je crée de la musique dont l’objet d’observation n’est pas le folklore ou la société québécoise, mais moi. Il y avait une volonté d’impudeur, avec des mots simples pour exprimer des trucs compliqués. »

Découvrez les musiciens qui l’entourent, les auteurs qui l’inspirent et les œuvres qui ont marqué sa trajectoire humaine et artistique.

Guitare et réalisation — Joe Grass

Guitariste hors pair, Joe Grass s’impose comme l’un des musiciens les plus inventifs et recherchés de la scène montréalaise. On l’a entendu auprès de Patrick Watson, Elisapie, Lhasa de Sela et des Barr Brothers. Touche-à-tout, il explore aussi l’avant-pop avec le trio Klaus (avec François Lafontaine et Samuel Joly) et s’est lancé dans l’aventure solo avec Falcon’s Heart (2022), un album sensible et atmosphérique.

Stéphane Archambault l’a rencontré sur le plateau de l’émission Pour un soir seulement, et l’a proposé comme chef d’orchestre sur La Grande Veillée, qu’il anime. Sa polyvalence, sur un plateau consacré aux musiques trad, bluegrass et cajun, est payante. « Joe comprend le rôle du musicien et est au service de la chanson, c’est un gars de texture et de goût », souligne notre curieux de culture. Il a donc fait appel à lui pour habiller les douze textes de chansons de son nouvel album et en signer la réalisation. Anglophone né à Moncton en 1978, Joe Grass a peu connu le phénomène culturel de Mes Aïeux, ce qui représente un avantage pour Stéphane Archambault. « Pour moi, c’était une réelle occasion de partir d’une page blanche. »

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Photo A - Joe Grass-crédit Camille Gladu-Drouin

Stéphane Archambault, Joe Grass, Lisandre Bourdages et Morgan Moore

Photo : Camille Gladu-Drouin

Basse et contrebasse — Morgan Moore

Morgan Moore est l’un des bassistes et contrebassistes les plus polyvalents du Québec. Musicien de jazz respecté, il a accompagné Marianne Trudel, Sophie Milman, Nikki Yanofsky et Martha Wainwright, entre autres. En 2010, il a remporté un prix Juno pour sa participation à l’album Live at Upstairs de Ranee Lee, couronné album jazz vocal de l’année.

Membre officiel des Barr Brothers, il a aussi multiplié les projets marquants : Ground Midnight (du pianiste James Gelfand, 2021), L’Origine éclatée (avec Lex French et Pierre Tanguay, 2023). Il a fait partie du Terrible Orchestre de Belleville, qui interprète en ciné-concert la bande originale du film Les Triplettes de Belleville, de Lyon jusqu’aux États-Unis. En 2021, il a formé le quartet Little Animal!, avec Joe Grass, Tommy Crane et Lex French. Les musiciens aguerris expérimentent, avec une économie de moyens, des mélodies langoureuses et des sonorités acoustiques pleines de groove, patinées de textures électroniques.

« C’est vraiment un excellent musicien. Je l’ai déjà vu empoigner une contrebasse sur des jams de jazz et la mâchoire de tout le monde est tombée », se rappelle Stéphane Archambault, qui a invité Morgan Moore à jouer de la basse sur son album.

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Théâtre — François Archambault

Né à Montréal en 1968, le dramaturge François Archambault s’illustre par son art de dénuder les travers humains avec humour et acuité. Son théâtre explore le conflit entre le bonheur individuel et le bien commun. Lauréat du prix du Gouverneur général pour 15 secondes (1998), du prix Michel-Tremblay pour Tu te souviendras de moi (2014) et du Masque du meilleur texte original pour La société des loisirs (2003), il s’est imposé comme une voix incontournable du théâtre contemporain. Ses pièces sont traduites en plusieurs langues et jouées au Canada comme à l’étranger.

Frère de Stéphane Archambault, il a agi comme premier lecteur et conseiller dramatique de son album, contribuant à lui donner une véritable trame narrative. « C’est un auteur que j’admire, note celui-ci. Je sais très bien qu’il va questionner le cœur de l’affaire. Il a un cerveau dramaturgique et un excellent dialoguiste, il sait ce qui fonctionne ou non, dans quel ordre il faut placer les choses. Il comprend la musique du texte. »

L’acteur a une affection particulière pour la pièce Les Gagnants (1996), puisqu’il faisait partie de la distribution à la création. Cette comédie grinçante qui expose comment l’obsession des apparences peut camoufler un vide intérieur.

Et il nous confie une primeur : François Archambault travaille sur un premier roman.

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François Archambault

Arts visuels — Jean Lurçat

L’artiste français Jean Lurçat (1892-1966) a révolutionné l’art de la tapisserie au 20ᵉ siècle. Peintre de formation, il s’est aussi illustré comme graveur, illustrateur, décorateur de théâtre, céramiste et créateur de bijoux. Ami de Matisse, Braque et Picasso, il a exploré le cubisme avant de développer un langage foisonnant, symbolique et coloré. Engagé, il a aussi milité aux côtés de figures comme Aragon et Malraux.

À partir des années 1930, il se consacre à la tapisserie et en redéfinit le langage moderne par des œuvres monumentales et vibrantes. Son cycle Le Chant du Monde est considéré comme son chef-d’œuvre, répondant à la tapisserie médiévale L’Apocalypse d’Angers.

« Il y a une aura un peu tribale, mais c’est traité de façon hypermoderne, avec des éléments ésotériques, c’est complètement flyé! », décrit Stéphane Archambault. Tombé par hasard sur une des œuvres de Jean Lurçat en ligne, il a eu un véritable coup de cœur pour son univers foisonnant. Au point d’avoir envie de l’ajouter à sa collection — il possède notamment des œuvres du peintre Jimmy Perron, de L’Isle-aux-Coudres, et des planches originales du bédéiste québécois Michel Rabagliati.

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Jean Lurçat, Apollo, les quatre éléments, 1961, tapisserie de basse lisse en laine, atelier Picaud, Aubusson. Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud, dépôt Maison-atelier Lurçat, Paris.

Photo : Ville de Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud - Pascale Marchesan - Adagp 2024

BD — Brecht Evens

Le bédéiste flamand Brecht Evens réinvente la bande dessinée à chaque page. Installé à Paris, il abandonne les cases pour créer des fresques à l’aquarelle, où couleurs et transparences se superposent en récits vibrants. Récompensé par le Prix de l’audace au Festival d’Angoulême en 2011 pour Les Noceurs, il a ensuite publié Les Amateurs, Panthère et Les Rigoles. Ces romans graphiques traduits et acclamés à l’international témoignent de sa capacité à saisir le tumulte de la vie nocturne, entre fête, chaos et poésie.

Grand lecteur et client fidèle de la librairie montréalaise Planète BD, Stéphane Archambault aime particulièrement Les amateurs, où un artiste de catégorie C est invité à parrainer la création d’une œuvre collective dans un village perdu. Il apprécie aussi Les rigoles, un album construit comme si une caméra captait des bouts de conversations au petit matin, à la fermeture des bars, dans une ville animée.

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Les Rigoles - Brecht Evens

Chant folk — Audrey-Michèle

Originaire de Québec, Audrey-Michèle Simard a longtemps œuvré comme choriste et percussionniste, accompagnant Michel Rivard, Paul Piché, Karim Ouellet, Philippe B et le groupe Galaxie. En 2024, elle fait le saut en solo avec La montagne en forme de maison, un album folk intime et lumineux paru sous l’étiquette Folivora.

« Ceux qui ont écouté des albums québécois ces dernières années ont certainement entendu sa voix fantastique, souligne Stéphane Archambault. Son album est vraiment un beau florilège de compositeurs et collaborateurs. » Elle assurera la première partie de son spectacle au Grand Théâtre.

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Audrey-Michèle Simard

Photo : Camille Gladu-Drouin

Littérature — Biz

Biz, alias Sébastien Fréchette, conjugue rap et littérature avec intensité et conviction. Né à Québec en 1972, le cofondateur du groupe Loco Locass défend une parole politique, engagée et identitaire, toujours portée par la passion de la langue française.

En parallèle, il mène une carrière littéraire prolifique. Francs et sensibles, ses romans incluent La chaleur des mammifères (2017), La chute de Sparte (Prix du livre jeunesse des bibliothèques de Montréal et le Prix jeunesse des libraires du Québec, 2012, adapté au cinéma en 2018), Mort-Terrain (Prix France-Québec, 2015), Les Abysses (Prix Saint-Pacôme, 2021) et Feu l’amour (2024).

Stéphane Archambault s’est reconnu dans sa trilogie de rupture, dont l’honnêteté et la profondeur ont nourri son propre album. « Il a écouté Le Point et m’a dit que ça avait remué des affaires. On a à peu près le même âge et on a tous les deux vécu une rupture assez intense », raconte-t-il.

De l’écriture de Biz, Stéphane Archambault aime « cet attachement au Québec et à sa culture et une écriture singulière qui me rappelle celle de Michel Houellebecq », dit celui qui fait lui-même des clins d’œil à Gilles Vigneault dans ses chansons. Il apprécie aussi les prises de position articulées du rappeur, à une époque où, selon lui, beaucoup d’artistes sont un peu frileux.

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Feu l'amour - Biz

Trad contemporain — Lankum

Formé à Dublin au début des années 2000, le groupe Lankum redonne à la musique traditionnelle irlandaise une intensité contemporaine. Ses quatre membres, Ian Lynch, Daragh Lynch, Radie Peat et Cormac MacDiarmada, puisent dans les racines folk tout en explorant des sonorités hypnotiques et des harmonies vocales denses. Leur instrumentation comprend la cornemuse irlandaise (uilleann pipes), le concertina, le violon et la guitare. Ils exploitent avec audace le bourdon, cette note grave et continue qui soutient la mélodie et installe une atmosphère de transe. Leur plus récent album, False

Lankum (2023), a été acclamé dans plusieurs pays.

Leur manière d’allier tradition et modernité résonne beaucoup chez le chanteur de l’ex-groupe Mes Aïeux, fier de ses racines irlandaises. « C’est beau beau beau, tour à tour très sombre et très lumineux », note-t-il.

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