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Petite boîte dynamique à la structure légère et à l’instinct affûté, La maison fauve a été fondée il y a maintenant trois ans par Catherine Simard. Sous son toit, on trouve des vétérans comme Michel Rivard et Vincent Vallières, des artistes établis comme Philippe Brach, Patrice Michaud et Dominique Fils-Aimé, ainsi que les jeunes recrues Ariane Roy et Eli Rose. Découvrez le parcours de sa fondatrice et la philosophie derrière cette agence!

La naissance de La maison fauve

Après une dizaine d’années à la direction de l’agence Spectra, alors qu’elle avait une vingtaine d’employés et autant d’artistes sous son aile, la nouvelle maman a eu envie de changer de rythme. « J’étais rendue au point dans ma vie où j’avais envie de prendre mes propres décisions et de travailler différemment », indique-t-elle. Devant la boîte qui grossissait (Spectra venait alors de fusionner avec Evenko) et le départ imminent de Vincent Vallières et Philippe Brach, deux artistes qu’elle avait elle-même recrutés, elle a réalisé qu’elle avait envie de changement.

« À la même période, je suis allée en congrès à Paris avec plusieurs joueurs de l’industrie de la musique et je me suis rendu compte que c’était un boys club. J’étais une des seules femmes dirigeantes d’entreprise. Toutes les grosses compagnies de disques et de production de spectacles étaient dirigées par des hommes. » Ce constat la fouette et la convainc de lancer sa propre agence.

Elle quitte son poste, appelle des artistes, crée une compagnie, ouvre des comptes de banque, engage deux personnes, trouve un local, rencontre des organismes subventionnaires et signe une entente avec Universal Canada, la plus grande compagnie de distribution de disques au pays. En décembre 2018, La maison fauve naît. « Entre le moment où j’ai démissionné et le moment où je suis entrée dans mes nouveaux bureaux, il s’est seulement passé un mois! », raconte-t-elle. « J’ai loué des bureaux à 10 minutes à pied de chez moi, à un coin de rue de la garderie. Dès que j’ai lancé La maison fauve, j’étais minimalement une journée par semaine en télétravail, j’ai instauré des mesures souples et je me suis entourée d’une bonne équipe à qui je peux déléguer des dossiers, quitte à faire moins de revenus. »

Vincent Vallières, Philippe Brach et Patrice Michaud la suivent dans sa nouvelle aventure.
« Pour moi c’était super important de laisser une belle place aux femmes, souligne Catherine Simard. Donc très rapidement, j’ai signé Dominique Fils-Aimé et Eli Rose. » Autour d’elle, l’entrepreneure rassemble une équipe solide et expérimentée. « Pour moi, l’équilibre est parfait. On travaille avec sept artistes, on a six employés, on a le temps de bien faire les choses. Je n’ai pas d’autres ambitions », note-t-elle. Pour chaque artiste, elle collabore avec d’autres agents de spectacles et agents d’artistes et offre des services à géométrie variable.

Artistes - La Maison fauve

Faire son propre nom

Fille d’Alain Simard, cofondateur du Festival International de Jazz de Montréal, des FrancoFolies de Montréal et du festival Montréal en lumière, ainsi que le président directeur général de L'Équipe Spectra, Catherine Simard cherche tôt à tracer sa propre voie.

Alors qu’elle était inscrite en études internationales et qu’elle travaillait au bistro SAQ sur le site des festivals, elle est tombée dans l’œil de la responsable des communications du Festival de Jazz. « À l’époque je n’avais pas nécessairement envie de travailler dans l’entreprise de mon père. Mais j’avais besoin de faire un stage et il y en avait un pour s’occuper des journalistes étrangers, donc j’ai accepté. Je suis entrée par la porte de côté », raconte-t-elle.

La seule fois où son père se mêle de son parcours, c’est pour l’inciter à joindre l’agence de spectacles. « Il m’a dit : Les festivals, c’est super, mais je vois comme tu aimes la musique et si tu veux travailler au plus près des artistes, au cœur de la création, tu devrais essayer ça. » Elle apprend son métier avec Brigitte Matte et Krista Simoneau (qui a fondé Les Yeux boussoles), qui ont été d’inspirants modèles.

Une agence pleine de fougue

Lorsqu’est venu le temps de choisir le nom de son agence, le terme « maison » s’est tout de suite imposé : « Je voulais que ça reste une petite entreprise avec un feeling familial, où les gens se sentent bien, en sécurité et libres d’être eux-mêmes ». « Fauve », qui réfère à la fois au mouvement pictural dont faisait partie Matisse et aux grands félins, amenait un élan de liberté et de créativité fougueuse dans l’équation.

La pandémie aura amené La maison fauve à développer Asteria, un voyage en réalité virtuelle qui permet de découvrir des œuvres d’Alexandra Stréliski, de Vincent Vallières, de Dominique Fils-Aimé, de FouKi et de Daniel Bélanger d’une manière inédite, qui mêle tournage en 360 degrés et création d’univers en animation 3D. En collaboration avec le studio La Fougue, qui partage leur espace de bureau, l’équipe a imaginé des univers visuels pour chaque musicien — des marionnettes pour Daniel Bélanger, des illustrations de Chien Champion (Felipe Arriagada-Nunez) pour FouKi… L’expérience virtuelle, dont le matériel tient dans trois bacs, a été présentée au Centre Phi, à Montréal, et est fort populaire dans les écoles depuis janvier 2021.

Avec les assouplissements des mesures sanitaires, Patrice Michaud, Vincent Vallières et Dominique Fils-Aimé ont ensuite repris leurs tournées à l’automne. Ariane Roy lancera son premier album en février et amorcera elle aussi une tournée en mars. « Quand je l’ai vue au Phoque Off, juste avant la pandémie, ça a été un coup de cœur. Tellement jeune, mais tellement d’aplomb, d’aisance sur scène, de personnalité. J’étais vraiment impressionnée. » L’agente était convaincue au point de s’engager avec la jeune artiste en pleine pandémie. Après plusieurs mois à patienter, elle pourra enfin placer ses pions : «C’est en 2022 qu’on va mettre toute la gomme», promet-elle.

Pour en savoir plus sur La maison fauve, c’est par ici : www.lamaisonfauve.com

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