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Chant, sensualité, humour, jeux de pouvoir : Lili St-Cyr a tout pour captiver le public. Marie-Pier Labrecque, qui interprète le rôle-titre, dévoile ce qui l’a charmée dans ce spectacle de théâtre musical qui sera présenté au Grand Théâtre le 12 septembre 2024.

Une joueuse étoile à Montréal

Écrite par Mélissa Cardona sur une musique de Kevin Houle, la création Lili St-Cyr met en lumière une figure méconnue de l’histoire de Montréal, qui dans les années 1940, pendant la prohibition, était le lieu de tous les vices et plaisirs.

Considérée comme la reine du striptease, Lili St-Cyr vient s’y installer, après avoir amorcé sa carrière dans les clubs de Las Vegas. Elle performe le plus souvent au Théâtre Gayety, à l’endroit où est maintenant situé le Théâtre du Nouveau Monde.

« Son arrivée dans la ville a été époustouflante, historique, tout le monde l’attendait. Elle était vraiment la star du moment ! », souligne Marie-Pier Labrecque.

Pour livrer une interprétation de la célèbre effeuilleuse à la hauteur du personnage, la comédienne a dû travailler sa voix et intégrer un accent américain, tout en développant un jeu physique maîtrisé et très incarné.

« Lili St-Cyr est paradoxale, explique-t-elle. Il y a la femme dans la lumière, qui se dévoile, se déshabille, et celle dans l’ombre avec ses tourments, ses problèmes de drogue, ses déboires amoureux. Ça crée un clair-obscur qui la rend profondément humaine. »

Pour bien saisir toutes les facettes de cette femme complexe, elle s’est plongée dans des archives et dans la biographie Goddess of Love Incarnate. The Life of Stripteuse Lili St. Cyr écrite par Leslie Zemeckis. Le livre expose notamment les réussites et les failles de la femme d’affaires, maîtresse de son image, envoûtante et pleine d’aplomb.

Le numéro du bain

Le numéro le plus célèbre de Lili St-Cyr est devenu une scène importante du spectacle et constituait un excitant défi d’interprétation. Puisque qu’à l’époque, le clergé interdisait qu’une danseuse quitte la scène avec moins de vêtements qu’à son entrée, la vedette avait imaginé un effeuillage inversé.

Plongée dans un bain transparent rempli de bulles, elle s’habille lentement pour attiser le désir. « Il faut beaucoup de temps de placer ce genre de scène pour que tous les gestes coulent et que ça semble facile», note Marie-Pier Labrecque, qui se dénudait pour la première fois pour un rôle.

« J’ai eu un petit vertige au début, mais dans les années 40, le rapport à la séduction et à la sensualité n’était pas le même qu’aujourd’hui. C’était moins cru. Et Lily aimait beaucoup faire des mises en scène, des histoires, de la fiction, de la romance. Donc le résultat est très chorégraphié. »

Dans un cadre esthétique soigné, davantage sensuel que sexuel, elle a cherché à s’approcher le plus possible de ce que Lili St-Cyr faisait sur scène à l’époque.

De l’haltérophilie à la pole dance

Les premières performances devant public de Marie-Pier Labrecque avaient peu à voir avec le théâtre et le chant. À l’adolescence, elle pratiquait l’haltérophilie sous l’égide de son père, entraîneur de l’équipe canadienne, et s’est rendue aux Jeux du Québec.

Elle garde un souvenir précieux de cette expérience, qui impliquait de monter sur une scène pour performer, de contrôler son stress et d’avoir une discipline physique et mentale. « L’haltérophilie a été la racine de tout ce que j’ai fait par la suite. L’instrument des acteurs et actrices, c’est le corps et selon moi, il faut entraîner la machine pour qu’elle soit la plus malléable et la plus souple possible. »

La comédienne apprivoise une nouvelle discipline depuis quelques années : la pole dance (ou pole fitness). Elle apprécie tout le travail musculaire et acrobatique de cette pratique, ouverte à toutes les morphologies et qui donne de l’assurance à ses adeptes.

« Ce que j’aime est qu’on voit le progrès directement. Lorsqu’il y a une figure que tu n’arrives pas à faire, tu persévères, tu finis par comprendre comment ton corps se place dans l’espace et tu y arrives. Je trouve ça magique et très encourageant! »

Trouver sa voix

Pousser la note tout en bougeant pour jouer Lili St-Cyr demande aussi d’avoir du souffle, mais surtout de maîtriser le chant – un art que la comédienne avait peu pratiqué depuis sa sortie de l’École nationale de théâtre du Canada, en 2011.

Question d’être prête à briller dans la distribution qui compte des voix aguerries, Marie-Pier Labrecque a travaillé en amont avec Émilie Josset, qui assure la direction vocale et les arrangements du spectacle. « J’ai essayé de reconnecter avec ce que j’avais développé à l’école, note-t-elle. Je suis arrivée bien réchauffée pour les répétitions et je crois que c’est ce qui m’a aidée. »

La troupe a enregistré un album des chansons originales du spectacle avant de commencer les représentations. Une expérience en studio que la comédienne a adorée. Elle ne cache pas son admiration pour ses collègues Roger La Rue, Lunou Zucchini, Maxime Denommée, Stéphane Brulotte et Kathleen Fortin, qui interprète Jessie Fisher, première femme élue à la Ville de Montréal qui combat le vice en échange de votes.

« C’est une équipe avec beaucoup de talent, de la rigueur, de la dévotion envers le projet. Travailler sur une création, ça prend une grande générosité et de la malléabilité, expose-t-elle. Le metteur en scène Benoît Landry a fait un travail extraordinaire pour repenser, retravailler, enlever, transformer la matière pour l’amener à son meilleur. C’est une production que je vais porter en moi longtemps. »

La tournée du spectacle de théâtre musical Lili St-Cyr s’arrêtera à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec le 12 septembre 2024.

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