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La danse et la culture hip-hop feront vibrer le Grand Théâtre durant le tout premier festival Coro Casse qui se tiendra du 19 au 22 juin 2025.

Alors que le hip-hop a eu 50 ans, que le breakdance faisait partie des épreuves des Jeux olympiques de Paris, et que les émissions comme Révolution couronnent des spécialistes des danses de rue, il devenait impératif qu’il y ait un festival à Québec pour célébrer cette culture en pleine ébullition.

C’est dans cet esprit qu’Emmanuelle Lê Phan, codirectrice artistique de la compagnie Tentacle Tribe, et Victoria Côté, interprète formée au Studio Party Time et à l’École de danse de Québec, ont cofondé Coro Casse. Leur ambition : mobiliser une communauté autour de la danse de rue et faire découvrir au public la richesse de ses styles, de ses formes, de ses codes.

Un nom qui groove

Le nom du nouveau festival est à l’image de la danse qu’il célèbre : vibrant, audacieux et chargé de références. « Une Coro Casse, c’est une petite radio vintage japonaise, explique Emmanuelle. On voulait un nom qui se démarque, et surtout, en français. Celui-là fait un clin d’œil au break avec casse. » Victoria ajoute : « C’est old school, ça brasse, c’est éclatant. Il y a aussi un lien avec la musique, l’élément qui fait qu’on bouge nos corps. »

Coro Casse

Origines et styles pluriels

Coro Casse souhaite rassembler tant les professionnels de la danse que les autodidactes et les curieux, pour qui les deux cofondatrices du festival posent quelques repères.

« Streetdance est un terme parapluie qui englobe les danses qui viennent du hip-hop, de la rue et des clubs. Le hip-hop est né dans les années 70 et comprend quatre éléments : le djing, le mcing, le breakdance et le graffiti », résume Emmanuelle. Comme en musique, toutes sortes de styles se sont développés. Il y a aussi le krump, le popping et le locking, qui ont émergé en Californie, alors que le waacking, le house et le vogue viennent des clubs de grandes villes comme Chicago et New York.

Tous ces styles cohabitent et évoluent. Dans les battles, les danseurs improvisent en tenant compte de la musique et peuvent se démarquer en intégrant des mouvements emblématiques. De façon plus organisé, les chorégraphes peuvent les amalgamer à la danse contemporaine, classique ou traditionnelle pour créer des spectacles au vocabulaire riche.

Mise en bouche festive

Coro Casse sera lancé par la Soirée Kickoff, un 5 à 7 au STUDIOTELUS mettant en valeur les talents locaux. « Il y a un peu de tout, c’est une soirée de mise en bouche », note Emmanuelle. Originaire de Québec, Kassandra « Badkass » Boivin-Cénélia, révélée au grand public dans l’émission Révolution, présentera une création originale commandée pour l’événement. Léo « B-boy HIT » Coupal, qui mélange slam et break, ainsi que DJ Derrick seront aussi de la partie. Le public aura également l’occasion de voir une démonstration de popping, dans un battle qui opposera Caroline « Lady C » Fraser et Victoria elle-même, qui performe sous le nom Layoncé. « On a tous des alias, comme les superhéros », souligne-t-elle.

Face-à-faces éclatés

Au cœur du festival, le Battle Coro Casse se veut un après-midi festif et inclusif où plusieurs équipes de trois danseurs inscrits le jour même s’affronteront au rythme du DJ Ridley. Le concept : un battle all styles ouvert à tous. « On veut que des artistes de cirque ou des danseurs de toutes les disciplines », explique Victoria. Pour elle, les battles sont bien plus qu’un affrontement : « C’est un saut dans le vide. Plusieurs s’inspirent des arts martiaux, puisque c’est une manière de se battre sans contact. Il y a aussi beaucoup d’inspirations de superhéros et de BD.

Prisme : le kaléidoscope de Tentacle Tribe

Deux spectacles présentés à la salle Octave-Crémazie promettent d’être des moments forts du festival. Le vendredi soir, la compagnie Tentacle Tribe présentera Prisme, une pièce ambitieuse portée par une scénographie en miroirs, jouant sur la démultiplication des reflets et les illusions optiques. « Les murs miroirs sont mobiles et changent d’angle, ça peut donner l’impression d’être en plongée ou à contre-plongée », indique Emmanuelle, qui a cocréée la chorégraphie avec Elon Höglund.

Elle décrit le spectacle comme un « voyage kaléidoscopique » où se mêlent break, popping et la danse de partenaires. « Il y a beaucoup d’interrelations. Composée par Elon, la musique mélange des beats électroniques, hip-hop et trap. « Il y a beaucoup de contrastes, des moments intenses et parfois plus doux », ajoute Emmanuelle.

Papillon : l’envol de We All Fall Down

Le samedi soir, la compagnie montréalaise We All Fall Down présentera Papillon. Les interprètes, dont certains issus du popping, du waacking, du hip-hop et du krump, évoluent dans une ambiance enveloppante. « Il y a des jeux d’ombrages, c’est très mystique. Lorsque j’assiste à la pièce, je me sens dans le cocon du papillon juste avant qu’il déploie ses ailes », confie Victoria. La musique électronique jouée en direct crée des réverbérations et ajoute une intensité organique à la pièce, où chorégraphie et improvisation dialoguent constamment. « La pièce s’appuie sur des schémas très précis, mais le public ne le voit pas nécessairement, souligne Victoria. Il se fait aspirer dans l’univers chorégraphique d’Hélène Simard, qui a créé quelque chose de vraiment magnifique. »

Des maîtres de la rue à la Maison pour la danse

Coro Casse propose aussi huit classes de maîtres offertes par des figures internationales, comme Dazl, Lady C, Mystic Rootz, Banks et Moodz. Victoria se souvient de l’impact qu’avaient eu sur elle ces rencontres quand elle était plus jeune : « Ça me faisait rêver, ça ouvrait mes horizons. » Pour Emmanuelle, ce type de rassemblement est essentiel « J’ai beaucoup tourné dans des festivals similaires en Europe et je m’en suis inspirée. C’est un rassemblement de street dancers, mais qui rejoint aussi le public en général pour l’introduire à tous les aspects de ce type de danse. »

Ancré à Québec

Le festival s’inscrit dans une démarche profondément ancrée dans la capitale. Emmanuelle vit à Québec depuis cinq ans, après y avoir présenté 369 avec Tentacle Tribe dans la programmation de La Rotonde. Elle y a trouvé non seulement une communauté, mais aussi un terrain fertile pour entreprendre des projets rassembleurs. « J’ai démarré des pratiques ouvertes à la Maison pour la danse pour que tout le monde puisse s’y joindre sans être sous la bannière d’une école. Je voulais que ce soit un endroit neutre, accessible. » Victoria, qui a grandi à Québec, garde un lien fort avec la ville. Même installée à Montréal, elle y revient régulièrement pour ses projets professionnels. Avec Coro Casse, elle espère contribuer à « créer un écosystème qui connecte les artistes d’ici et d’ailleurs, et qui donne une vraie visibilité aux danses de rue dans la région ».

Consultez les détails du festival Coro Casse et procurez-vous vos billets ici. Un passeport pour les 4 événements au Grand Théâtre est aussi disponible au coût de 90 $ (Étudiants et membre de La Rotonde : 75 $).

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