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Photo : Mike Ross

Murray Head visitera la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec le 1er juin prochain dans le cadre d'une tournée d'adieu. Il s'agit pour le public d'une dernière chance de voir l'icône britannique connue pour ses succès Say It Ain't So, Joe et One Night in Bangkok chez nous.

Dans le monde de la pop et du rock, plusieurs artistes qui ont fait leurs adieux à la scène reviennent éventuellement sur les planches, pensons à The Who ou KISS. Le chanteur croit toutefois que cette série de spectacles est réellement sa dernière.

« J'ai presque 80 ans. J'en ai 79 en ce moment. Alors, pour le moment, la mémoire, ça va vachement bien, mais on ne sait jamais... », dit-il. « Pour le moment, on dit farewell et franchement, j'y crois », renchérit l'artiste.

En tournée, Murray Head laisse place à la spontanéité. Il décide des chansons qui seront interprétées lors de chaque concert à la toute dernière minute. Le public du Grand Théâtre se laissera donc surprendre par le choix des pièces.

« Je ne dévoile jamais la liste des morceaux. Les musiciens ne savent pas ce qu'ils vont jouer au moins une demi-heure avant le concert. Et ce qui m'a donné beaucoup de plaisir, c'est quand j'ai lu que Mick Jagger faisait exactement la même chose. Il ne révèle les chansons qu'il va jouer le soir qu'une demi-heure à l'avance »

Murray Head nous promet toutefois « deux ou trois tubes » en plus d'autres chansons de son vaste répertoire, avoue-t-il.

Sur les planches, l'artiste laisse également beaucoup d'espace à ses musiciens. « Avec moi, il n'y a pas de règles. Il y a les accords, c'est tout. À part ça, on a le choix et la liberté de jouer la longueur de solo qu'on veut, la longueur de chanson qu'on veut », explique-t-il en parlant de ses acolytes.

À chaque soir, les spectateurs ont donc l'occasion de découvrir ou de redécouvrir les chansons de Murray Head sous un jour nouveau. L'artiste dit d'ailleurs n'avoir aucun respect pour ceux qui présentent des concerts 100% identiques à chaque représentation. « Parce que pour moi, ce qui est le plus important dans un concert, c'est la spontanéité », ajoute-t-il.

Say It Ain't So, Joe

Son méga-succès Say It Ain't So, Joe traite de héros déchus et est porteur d'un fort message politique. Toutefois, certains croient qu'il parle d'un tout autre sujet...

« Pendant longtemps, j'ai été un peu triste que la France n'ait jamais compris les paroles de Say It Ain't So. Ils ont toujours pensé que c'était une chanson d'amour », lance Murray Head. Il dit y avoir rencontré au moins 20 enfants qui sont nés grâce à cette chanson! « Il vaut mieux que j'accepte d'avoir contribué au taux de natalité de la France qu'à la compréhension de la politique », lance-t-il.

« Moi, j’étais de la fin de l’époque des protest songs. Ça faisait partie de notre temps. On avait besoin de s'exprimer », ajoute-t-il au sujet du morceau, alors qu'il reste encore très intéressé par la politique et partage ses opinions en entrevue ou sur scène.

Moment marquant

En près de 60 ans de carrière, lorsqu'on demande à Murray Head quel est l'événement le plus marquant de sa vie d'artiste, il insiste sur l’importance de vivre dans le présent et d’apprécier chaque moment.

Il hésite un instant pour ensuite partager un grand moment vécu lors du Concert SOS Racisme dans l'Hexagone en juin 1985 aux côtés d'artistes comme Francis Cabrel, Les Rita Mitsouko ou Fine Young Cannibals. Selon les sources, entre 200 000 et 500 000 personnes y avaient participé.

« J'étais surpris par l'énormité du concert qu'on a fait. C'était énorme. C'était la première fois, c'était un concert gratuit. On voyait de la scène que c'était rempli complètement jusqu'à l'Arc de Triomphe (…). Je n'ai jamais vu autant de personnes. C'était un privilège de jouer à ce concert. »

L'avenir?

Alors que le Farewell Tour se veut la dernière tournée de Murray Head, l'artiste n'a peut-être pas dit son dernier mot...

Le moment est venu pour lui de faire le ménage dans ses affaires et ses papiers. Il a d'ailleurs retrouvé des paroles de chansons écrites dans le passé. « Je suis un peu étonné par ce que j'ai gardé et ce qui m'est arrivé dans toute ma vie », dit-il.

Même si « ce n'est qu'une idée pour le moment », il songe à recommencer à écrire des chansons en vue de faire un ultime album avec en tête la notion que ce sera pour lui-même et « pas pour d'autre », conclut-il.

Un mot sur sa carrière

Né à Londres en 1946, Murray Head a fait ses débuts dans le monde de la musique dans les années 60. Il est ensuite recruté par les rois de la comédie musicale Tim Rice et Andrew Lloyd Webber pour incarner Judas Iscariote sur l'album-concept de Jesus Christ Superstar, lancé en 1970. Ian Gillan de Deep Purple y personnifie quant à lui... Jésus!

En 1975, Murray Head lance l'album Say It Ain't So dont la pièce homonyme connaîtra un succès notable. Plus tard, en 1984, One Night in Bangkok, tirée de l'album-concept de la comédie musicale Chess, deviendra pour lui un immense tube en Europe et en Amérique du Nord.

L'artiste fait également carrière comme comédien depuis les années 60. Il a notamment joué dans des productions britanniques, françaises et même québécoises telles que les séries télévisées Asbestos et Music-Hall, en 2002.

Le chanteur a par ailleurs une belle relation avec le Québec. Il a aussi collaboré avec Luc Plamondon qui lui a écrit des textes, et a interprété un duo avec Marie Carmen, Une femme, un homme, en 1994.

Notre entrevue avec Murray Head a d'ailleurs lieu en français. Né de parents francophiles, il a fréquenté le lycée français de Londres dans sa jeunesse. Le musicien vit maintenant dans le sud-ouest de la France depuis plus de 15 ans, alors qu'il partageait auparavant son temps entre Londres et Paris.

Album Murray Head

Le spectacle Farewell Tour sera présenté le 1er juin 2025 à la salle Louis-Fréchette.

  • Une présentation de Blü Dog media et Le cœur qui rêve.

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