Alexis le Trotteur : une légende revisitée

Avec imagination et dynamisme, la compagnie Ample Man Danse a créé une épopée chorégraphique baptisée Alexis qui fait revivre le célèbre Trotteur, cet homme qui courait plus vite que les chevaux, les navires et les trains. Ce spectacle de danse, qui comporte des interactions avec le public, sera présenté le 21 mai à la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec.
Un peu plus de 100 ans après sa mort, en 1924, Alexis Lapointe, dit le Trotteur, continue de frapper l'imaginaire. Marginalisé par sa famille en raison de son caractère excentrique, Alexis le Trotteur s'est fait connaître pour ses exploits de course légendaires.
Dans Alexis, quatre danseurs feront revivre le Trotteur chacun leur tour, en fonction des thématiques mises de l'avant dans le spectacle, comme la différence ou le jugement, explique le fondateur de la compagnie Ample Man Danse, Simon Ampleman.
« On raconte comment il était comme individu, ses particularités, sa relation difficile avec sa famille, la vision que les gens avaient de lui, son apparence, sa façon de bien s'habiller et le pouvoir du regard des autres », ajoute-t-il.
En plus des interprètes, Simon Ampleman sera sur scène pour « raconter des anecdotes ». La présence d'un narrateur rend donc le spectacle plus accessible aux personnes moins habituées aux spectacles de danse, croit-il. Sons, lumières et costume seront aussi mis à profit afin d'entrer dans l'univers de celui que l'on surnommait l'homme-cheval. Sans raconter les exploits du Trotteur de façon didactique, Alexis permet d'aller à sa rencontre et de s'attacher au personnage, raconte Simon Ampleman.
L'étincelle qui a donné vie au spectacle
Simon Ampleman a choisi de consacrer un spectacle à Alexis le Trotteur en raison de son intérêt pour le folklore et les légendes du Québec et de celui d'une personne très spéciale dans sa vie : sa fille! Alors âgée de six ans, Maeva était fascinée par l'histoire d'Alexis que lui avait raconté son papa à l'heure du coucher. C’est cette petite puce qui a allumé l'étincelle qui allait donner vie au spectacle.
« Chez nous, on lit beaucoup d'histoires avant le dodo et j'aime lire des légendes québécoises parce que je trouve que ça nous ancre dans notre histoire à nous. Ma fille m'a posé beaucoup de questions sur Alexis mais il y avait peu de détails dans les livres que je lisais. Puis elle m'a demandé « Mais lui, il a existé, il était comment dans la vraie vie? ». J'ai fait : « Ben, je ne sais pas, mais on va le trouver ». J’ai fouillé et j'ai découvert un homme qui était vraiment particulier! », raconte le chorégraphe.
« En parlant d'Alexis au gens autour de moi, tout le monde avait des versions différentes sur sa mort, sur des événements précis de son histoire et sur ce qu'on racontait sur lui », ajoute-t-il. J’ai finalement su qu’Alexis Lapointe, originaire de Charlevoix, est décédé en 1924 après avoir été happé par un train à l'âge de 63 ans à Alma où il travaillait pauvrement comme ouvrier.
De fil en aiguille, le goût « d'aller plus loin, de voir comment ça parlait aussi aux gens » et de créer un spectacle est venu à Simon Ampleman. Cela a pris forme au gré de ses discussions avec la dramaturge Mélanie Viau et de leurs recherches. Au départ, le chorégraphe concevait Alexis comme un projet pour public adolescent, sauf qu'il s'est vite aperçu que sa proposition s'adressait à tout le monde, adultes compris!
Médiation
Même si le spectacle cible un large public, des ados ont aussi été partie prenante du processus de création grâce à des rencontres de médiation. La médiation culturelle est d'ailleurs au cœur de la démarche de Ample Man Danse et de son fondateur. Les œuvres émergent de la rencontre avec les citoyens, dit-il. « C'est probablement l'une des compagnies qui fait le plus d'interventions en médiation culturelle de la province, voir même au Canada », renchérit son fondateur.
Lors des rencontres, il a partagé les thématiques qu'il voulait aborder dans Alexis et les jeunes ont fait émerger celles qui les touchaient le plus, comme la différence ou le fait d'aimer et d'être aimé. « Le but de la médiation, au-delà de préparer les gens, les familiariser, les initier à la danse, c'est qu'ils fassent partie prenante de la création », dit-il.
Retour aux sources
La présentation d'Alexis au Grand Théâtre le 21 mai marque un retour à la maison pour Simon Ampleman, originaire de Québec. Le chorégraphe avait quitté la capitale pour étudier à l’École de danse contemporaine de Montréal et ensuite amorcer sa carrière de danseur professionnel en 2006.
Cette représentation a donc une connotation très particulière pour celui qui a fondé Ample Man Danse en 2014 dans la métropole car c'est la première fois qu'il présente un spectacle en salle à Québec. « Ça rend la chose très excitante », lance-t-il. « Pour moi, c'est un moment très symbolique, ça ferme comme une boucle. Je suis allé à Montréal pour étudier et travailler, mais je suis toujours resté extrêmement connecté avec les gens de Québec. Présenter un spectacle dans une salle du Grand Théâtre à Québec, pour moi, c'est un accomplissement. Je suis vraiment content de pouvoir faire ça », conclut-il.
Cette coprésentation de La Rotonde et du Grand Théâtre de Québec sera suivie d’un échange entre les artistes et le public pour ceux qui souhaitent y participer.
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