Curieux de Culture - Bobby Bazini

Musique – João Gilberto

João Gilberto (1931-2019) a marqué la musique brésilienne contemporaine. À la fin des années 50, il chante et joue de la guitare sur les disques qui lancent le mouvement musical de la bossa nova, dérivé de la samba.

Son travail influence plusieurs créateurs de jazz américain. En 1963, à New York, il enregistre le disque Getz/Gilberto avec le saxophoniste Stan Getz. L’album connaît un fort succès et la chanson A Garota de Ipanema est reprise plus tard par Frank Sinatra et Ella Fitzgerald.

Dans sa vaste discographie, l’album João Gilberto (1973), surnommé « l’album blanc », occupe une place particulière. Épuré, voire mystique, l’opus repose simplement sur sa guitare et sa voix, qui frôle parfois le murmure.

Bobby Bazini a découvert João Gilberto lorsqu’un de ses amis lui a offert le vinyle Meditaçâo, une sélection tirée des trois premiers 33 tours du musicien brésilien, parue en 1985.

« Je l’écoute tout le temps, souligne-t-il. J’adore l’ambiance, les instruments. Il y a des cordes, des cuivres, de la flûte et surtout de la guitare classique, un instrument que j’ai appris à apprécier pendant la pandémie, puisqu’elle est légère, donc facile à emporter. La musique est très organique. On dirait qu’on est sur la plage, porté par le bruit des vagues. »

Originaire de la Gaspésie, Carolane Bélanger est une artiste visuelle et designer graphique qui vit et travaille à Montréal. « J’aime jouer avec le langage poétique, la forme, la contre-forme, indique-t-elle sur son site web. Ce que je crée est éclectique; j’emprunte quelques codes à l’art nouveau, au symbolisme, au fauvisme. »

Épuré, minimaliste, ludique, son art explore les thèmes de l’amour, de la nature, de la sensualité et de la musique, en laissant la place centrale à la figure féminine.

Pendant la pandémie, pour un concert virtuel en direct de la suite de John Lennon et Yoko Ono à l’hôtel Fairmont - Le Reine Elizabeth, à Montréal, Bobby Bazini cherchait quelqu’un pour créer une affiche. Un ami lui a alors fait connaître le travail de Carolane Bélanger.

« Je voulais faire faire un poster d’inspiration psychédélique, comme ceux de Janis Joplin et de The Doors, note-t-il. J’adore ce qu’a créé Carolane. Il est encadré dans mon studio et chaque fois que je le vois ça me ramène à un beau moment dans une période si particulière. »

Le musicien et l’artiste ont découvert qu’ils affectionnaient tous les deux les albums jazz de la légendaire maison de disques Blue Note. Bobby Bazini a maintenant plusieurs créations de Carolane sur les murs de sa maison. « Il y a un langage poétique, un côté floral. Sa nouvelle collection, Nature, est superbe! »

Avec le ralentissement général entraîné par la pandémie, Bobby Bazini retrouve du temps pour la lecture, une activité qu’il a toujours adorée. À la recherche de compatriotes, il tombe sur l’auteur canadien Guy Gavriel Kay, qui est devenu rien de moins que son auteur préféré.

Avant de publier ses propres livres, Guy Gavriel Kay participe à l’édition du Silmarillion, ouvrage inachevé du célèbre écrivain britannique J. R. R. Tolkien (Le Seigneur des anneaux, Le Hobbit). Une école de rêve pour ce passionné de contes de fées, de mythologie grecque et de littérature fantaisiste.

Depuis près de 40 ans, le détenteur d’un diplôme en droit de l’Université de Toronto écrit des romans qui se situent dans un monde imaginaire fortement inspiré de l’Histoire. La France et l’Italie médiévales, l’histoire de l’Empire byzantin, les invasions des Vikings et la Chine au temps de la dynastie Tang lui ont notamment servi d’inspiration.

Parmi les ouvrages de l’auteur, Bobby Bazini aime particulièrement le roman Les lions d’Al-Rassan et les poèmes de Beyond This Dark House, qu’il a lus en anglais. « Ces deux livres-là m’ont tenu compagnie pendant des marches en forêt. Les mots et la poésie de Kay résonnent dans ma tête à chaque retour du printemps. Sa façon de décrire les états d’esprit et les paysages est incroyable. Il n’est pas assez connu pour le talent qu’il a! » croit Bobby Bazini, qui s’est procuré une version autographiée du plus récent livre de l’auteur. « C’est rare que je suis aussi fan de quelqu’un. »

Les gens qui nous inspirent le plus sont souvent tout près de nous. C’est le cas du musicien Jonathan Arseneau, originaire de Moncton, qui a commencé à jouer auprès de Bobby Bazini dès la fin de sa formation en musique jazz, à Montréal.

Depuis l’album Where I Belong (2014), Jonathan est un pilier de la bande. « On cherchait un bassiste, mais je ne m’attendais pas à trouver aussi un ami », raconte Bobby Bazini, qui loue la gentillesse et le talent de son acolyte. « J’essaie de m’entourer de musiciens meilleurs que moi, et je trouve qu’avec Jon, qui est tellement talentueux, j’apprends beaucoup. »

Les habiletés musicales du bassiste ont été encore plus visibles pendant ces deux dernières années, alors que le groupe se déplaçait en formation réduite. « Il fallait repenser notre façon de faire. Jonathan a donné le ton, a trouvé le son. Comme c’est un grand fan de pédales, on dirait qu’il comblait tous les trous. Il nous faisait sonner comme si on était deux fois plus de musiciens sur scène. »

Les deux amis s’amusent particulièrement bien en tournée. Les séances d’impro avant les spectacles, les visites dans les magasins de disques vinyles et leur passion pour la photographie les ont rapprochés. « Pendant la dernière tournée on avait toujours nos appareils dans le cou, on trippait sur le film et sur le noir et blanc », se souvient Bazini.

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L’engouement pour la photographie de Bobby Bazini et Jonathan Arseneau n’est pas étranger à la présence d’Alexandre Couture lors des dernières tournées. Peu après avoir terminé sa formation à l’école de photographie du CFP Lachine, en 2016, le photographe s’est joint aux musiciens pour documenter les spectacles et leur vie sur la route.

Portraits, photos de foule et de coulisses, paysages… les clichés d’Alexandre composent un exercice documentaire sensible et varié. Bobby Bazini repartage régulièrement ses photos sur son compte Instagram.

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Comme Meditaçâo de João Gilberto, Ma de Devendra Banhart a accompagné Bobby Bazini pendant l’écriture de son nouvel album. Le folk rock psychédélique de l’auteur-compositeur-chanteur américain et vénézuélien s’est révélé inspirant, tout comme l’univers pictural dont il enveloppe ses projets.

« Lorsque tu ouvres la pochette du vinyle, il t’invite dans son monde. Tout connecte avec les paroles et avec ce qu’il a créé musicalement. », dit Bobby Bazini, à propos des dessins qui ornent Ma.

Depuis la sortie de The Charles C. Leary, le premier album studio de Devendra Banhart, en 2002, le Québécois tend une oreille intéressée à chacune de ses propositions. « J’adore son son, sa musique, sa voix. C’est un peu folk, avec des inspirations de bossa nova et de musique du monde. Sa façon de chanter, de livrer les paroles… Ça sonne très moderne et c’est très créatif. »

Devendra Banhart a joué dans les contextes les plus variés — de la prestigieuse salle de concert Carnegie Hall à New York au festival Coachella — et a dix albums à son actif. Il multiplie les collaborations (avec Yoko Ono, Os Mutantes, Swans et Beck, notamment), ainsi que les projets qui hybrident la musique et les autres arts.

Réalisateur, auteur et multi-instrumentiste, Connor Seidel travaille depuis des années avec des artistes québécois aux styles variés, comme Charlotte Cardin, Claudia Bouvette et The Franklin Electric.

Artisan discret, il s’est davantage fait connaître du grand public ce printemps, avec le projet 1969. Cet hommage à la musique d’une période qu’il affectionne met à contribution Half Moon Run, Ariane Moffatt, Safia Nolin, Matt Holubowski, Elliot Maginot, Louis-Jean Cormier, Philippe Brault, Les sœurs Boulay, Jason Bajada, Joseph Mihalcean, Claudia Bouvette et Elisapie. Ce folk au tempo détendu, aux musiques travaillées et au parfum de liberté, correspond bien à son tempérament, tout comme à l’ambiance du studio Treehouse, son quartier général, aménagé dans un chalet entouré de forêt, à Sainte-Adèle.

Il y a quelques années, Bobby Bazini se trouvait chez ses beaux-parents lorsque l’album des sœurs Boulay, qui jouait, a attiré son attention. « Je trouvais que la prise de son, les violons, le piano, leurs voix, tout sonnait tellement bien! », raconte le musicien, qui a noté le nom du réalisateur.

En novembre dernier, les deux artistes se sont rencontrés et ont rapidement connecté. « Ça a adonné à un moment où on reportait encore mes spectacles, mais c’était un blessing in disguise, puisque nous avions du temps, tous les deux, pour créer. Son studio est à 10 minutes de chez moi, on a travaillé pendant les Fêtes. Je n’ai jamais écrit autant avec quelqu’un! On commence juste à saisir l’ampleur de son talent, je suis sûr que ce sera un jour un réalisateur très connu. »

Né de parents ougandais, Michael Kiwanuka est un chanteur britannique qui développe depuis une dizaine d’années un son distinctif, inspiré des grands de la soul et du rhythm and blues. Digne héritier d’Otis Redding et de Bob Dylan, il a rapidement attiré l’attention d’artistes établis comme Adèle, dont il a assuré la première partie en tournée, et de Dan Auerbach, des Black Keys, avec qui il a collaboré pour la chanson Lasan.

Bobby Bazini l’admire depuis la sortie de son premier album, Home Again (2012). Il qualifie le deuxième, Love & Hate (2016) de « grandiose ». « C’est un de mes albums préférés à ce jour et je crois que Michael Kiwanuka est un artiste de soul très important de notre génération. »

Danger Mouse et le producteur britannique Inflo sont derrière la console pour cet album, de même que pour KIWANUKA, paru en 2019, où il explore des territoires plus psychédéliques et fuzz rock.

« J’ai eu la chance de le voir en spectacle en Suisse, il y a quelques années, mais seul à la guitare. On dirait que j’ai découvert une autre facette de lui, plus épurée, qui fonctionne tout autant. »