Photo de la chronique
Photo : Jean-François Bérubé

Dans cette deuxième chronique de la série Curieux de Culture, c’est au tour de Dumas de livrer ses coups de cœur. En pleine période de création, l’auteur-compositeur-interprète se laisse inspirer par des œuvres authentiques qui sortent des sentiers battus, tous domaines confondus.

Roman graphique — La Brume, Mireille St-Pierre

Originaire de Rimouski, Mireille St-Pierre vit à Montréal depuis une quinzaine d’années. C’est une amie de Dumas. Avec La Brume, elle signe une première œuvre littéraire très personnelle, portant sur le deuil périnatal. Quand Dumas en parle, l’émotion est palpable dans sa voix. Il raconte que c’est le décès de sa fille Romane, en 2017, qui l’a poussée à créer ce livre et il se dit vraiment fier d’elle. Mireille St-Pierre a transformé une épreuve personnelle pour en faire quelque chose de beau et d’utile. Pour lui, en plus d’être un très bel objet, ce roman graphique va aider des gens.

Une partie du récit de La Brume se déroule à New York en 2017. Jules, photographe et papa de Romane, croque le portrait d’un artiste québécois venu dans la grosse pomme pour enregistrer son album. Peut-être reconnaîtrez-vous ce mystérieux musicien…

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Roman graphique — Le Gourmet solitaire, Jirō Taniguchi

Il y a quelques mois, Dumas planifiait un voyage au pays du soleil levant. C’était avant que la pandémie en décide autrement. En attendant des jours meilleurs, Le Gourmet solitaire lui permet de s’évader en imagination.

Ce roman graphique de l’auteur Jirō Taniguchi relate les pérégrinations d’un homme d’affaires gastronome qui transforme ses heures de repas en explorations culinaires. Chaque chapitre est une invitation à plonger dans le Japon moderne pour découvrir des lieux et des plats uniques, mais aussi les souvenirs et réflexions qu’ils suscitent chez ce personnage dont on sait peu de choses, sinon qu’il ne boit pas. Tout comme Dumas.

Chaque soir, il en lit quelques pages avant d’aller se coucher. C’est une petite évasion qu’il savoure mets par mets et qui lui a apporté beaucoup de bonheur pendant le confinement.

Autodidacte décédé en 2017 à l’âge de 69 ans, Jirō Taniguchi était considéré comme un passeur entre le manga (pour la priorité accordée au mouvement) et la bande dessinée occidentale (pour la richesse des décors et de l’information contenue dans chaque case). En plus d’être adaptée au cinéma et au théâtre, son œuvre a inspiré une série télévisée où le scénariste, Masayuki Kusumi, apparait à la fin de chaque épisode pour présenter le restaurant qui a servi de décor. Bon appétit!

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Biographie — Mouffe Au cœur du showbiz, Carmel Dumas

De son propre aveu, Dumas nourrit une grande fascination pour le Québec de la fin des années 60 et du début des années 70. C’est aussi un admirateur de Robert Charlebois. C’est justement lors du spectacle soulignant les 50 ans de carrière de Charlebois, aux FrancoFolies, que Dumas a eu la chance de croiser Mouffe. Alors lorsque la biographie de Mouffe Au cœur du showbiz est sortie, il l’a achetée sur le champ. Et il n’a pas été déçu! Cette artiste, qui a transformé le milieu du showbiz québécois, partage dans ce livre son journal personnel. Un geste que Dumas qualifie de très généreux de sa part de l’avoir rendu disponible pour les gens de sa génération.

Cette biographie de Mouffe met en lumière le savant mélange de culture, de créativité et d’instinct qui caractérise cette « artiste de l’ombre », comme la décrit Dumas. Lorsqu’il en a eu fini la lecture, Dumas lui a écrit un petit mot, auquel elle a répondu. Un courriel qu’il garde précieusement…

À 75 ans, Mouffe donne toujours des ateliers d’écriture et d’interprétation. Bien plus qu’une parolière de chansons (telles Ordinaire et Madame Bertrand) et une metteuse en scène de spectacles mythiques (dont Magie Rose et J’ai vu le loup, le renard, le lion), Mouffe est une véritable icône dans l’histoire du showbiz québécois. Un parcours à découvrir, pour rêver en attendant la réouverture des salles de spectacle… .

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Mouffe et Dumas lors des répétitions du spectacle hommage aux 50 ans de carrière de Robert Charlebois.


Biographie — Liberation Through Hearing, Richard Russel

Dumas adore les biographies musicales et il considère Liberation Through Hearing comme l’une des meilleures qu’il ait lues! Le livre vient de sortir au Canada, mais il avait tellement hâte de le lire, qu’il raconte en riant l’avoir fait venir d’Angleterre dès sa sortie au mois de mars.

Richard Russel est le propriétaire de XL Recordings, une étiquette londonienne indépendante que Dumas aime beaucoup et qui a notamment propulsé les albums 19 et 21 d’Adele. Rempli d’histoires d’artistes aussi divers que Bobby Womack, MIA, Dizzee Rascal, The White Stripes et Keith Flint, ce livre est un voyage spirituel à travers la musique et une incursion dans la tête d’un producteur qui fait passer la vision artistique avant le retour sur investissement. Aujourd’hui atteint du syndrome de Guillain-Barré, un trouble neurologique rare qui entraîne une paralysie progressive, Russel a délégué la gestion quotidienne de XL Recordings pour se remettre lui-même à la musique.

Un beau cadeau de Noël, de ceux que Dumas aime déballer…

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Livre — Motel Chronicles, Sam Shepard

Dans Motel Chronicles, Sam Shepard raconte son enfance au ranch familial, en Illinois. On suit aussi ses aventures en tant qu’acteur, musicien et écrivain en vadrouille dans des hôtels de bord de route, au milieu des paysages désertiques du Sud des États-Unis. Cowboy hors du temps et poète anticonformiste, Sam Shepard s’est éteint en 2017, à l’âge de 73 ans. Il appartenait à la Beat Generation, mouvement littéraire né à la fin des années 40 dont faisait aussi partie Jack Kerouac.

Ce bouquin, Dumas le glisse dans ses bagages de tournée et le relit régulièrement. Pour lui, il y a un lien entre Motel Chronicles et la personne qu’il était en 2003. Lisant ce livre pendant l’écriture de son album Le cours des jours, Motel Chronicles lui a entre autres inspiré la pièce Arizona. Or, Le cours des jours vient justement d’être réédité en vinyle et si 2020 s’était déroulée comme prévu, la version intégrale aurait été présentée au Grand Théâtre… On l’espère maintenant les 22 et 23 janvier 2021.

En attendant, Motel Chronicles — qui a par ailleurs inspiré le film Paris, Texas, Palme d’or au Festival de Cannes en 1984 — est une lecture qui permet de voyager un peu dans l’Amérique qui nous faisait rêver.

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Art urbain — POSE

Grand amateur d’art urbain, Dumas adore parcourir les rues des villes qu’il visite pour dénicher les créations, souvent éphémères, déployées dans l’espace public. Son intérêt pour le street art est né pendant un voyage à Berlin, en 2006, alors que les graffitis se trouvaient partout dans les rues.  

Au cours des dernières années, l’art urbain est sorti de la rue pour être exposé en galerie. C’est ainsi que Dumas a découvert POSE, un artiste de Chicago dont il collectionne désormais les œuvres. Son travail est très coloré et vivant. Pour Dumas, il est important de retrouver ce type d’éléments dans son environnement, car ça lui donne une bonne dose d’inspiration pour écrire lorsqu’il entre dans son studio. 

Curieux?

Découvrez le travail de POSE


Arts visuels — SLEP

SLEP, alias Sébastien Lépine, est un artiste multidisciplinaire de Montréal. Depuis une dizaine d’années, il crée des affiches en sérigraphie pour la scène musicale. C’est lui qui a fait la pochette de l’album Nos idéaux, en plus des affiches de tournées vendues lors des spectacles de Dumas. Des éditions très limitées qu’il imprime à la main, une couleur à la fois. Un vrai travail d’artisan.

La rencontre entre les deux artistes s’est produite pendant le tournage d’un vidéoclip pour Le cours des jours. Sébastien était directeur artistique et s’occupait des décors. Devenus de proches collaborateurs, les deux artistes ont maintenant plusieurs projets communs à venir!

Au cours des dernières années, SLEP a parcouru le monde pour présenter ses affiches aux foires de Hambourg, Chicago, Austin, Barcelone, New York… C’est aussi un artiste engagé : à intervalle régulier, il lance des microséries dont les profits sont remis à des causes sociales ou environnementales.

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Arts visuels — Hiroshi Nagai

Dumas a découvert Hiroshi Nagai grâce à une série de compilations sur vinyle de musique japonaise des années 80 et c’est à cet artiste que l’on doit plusieurs des pochettes d’albums de ce style musical qui revient à la mode. Né dans la campagne japonaise en 1947, ses œuvres représentent la côte ouest américaine, façon pop art. Dumas les admire pour leur beauté et parce qu’elles le font voyager.

Caractérisées par un trait net et des couleurs vibrantes, les œuvres d’Hiroshi Nagai montrent souvent des ciels d’un bleu profond, des piscines cristallines, de grands palmiers et des voitures de luxe. D’abord influencé par Dali et Magritte, l’artiste est happé par le glamour américain lors d’une première visite aux États-Unis, en 1973. En plus des arts visuels, Hiroshi Nagai travaille aujourd’hui comme designer, DJ et critique musical.


Curieux?

Découvrez le travail d’Hiroshi Nagai


Musique — Nome Noma, Trésor National

Grand collectionneur de vinyles, Dumas aime particulièrement les compilations thématiques : ce sont de petites encyclopédies sur l’histoire de la musique qui lui apprennent plein de choses. Un de ses coups de cœur est la compilation québécoise Nome Noma, de l’étiquette Trésor National. On y retrouve de petits bijoux, des chansons souvent introuvables et en plus, musicalement, c’est excellent!

Le premier volume met à l’honneur la scène alternative québécoise des années 80. On y entend entre autres la première formation de Patrick Bourgeois, un groupe punk qui s’appelait The Wipers et dans lequel Patrick Bourgeois ne chantait pas, mais jouait de la basse.

Produit à seulement 500 exemplaires, Nome Noma inclut un livret foisonnant, avec photos et témoignages exclusifs. Un second volume est prévu pour 2021.

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Mode — Vallier

Dumas ne s’en cache pas : il aime beaucoup « le linge ». Et les créations de Vallier tombent en plein dans son style. Née à Montréal, cette marque combine les innovations du plein air à des styles classiques pour la ville. Des vêtements sobres de première qualité et au design impeccable.

Porter du Vallier pour ses costumes de scène, mais aussi comme habits de tous les jours, pour Dumas, c’est top qualité et top confort. Et en plus, c’est Québécois!

Vallier est une marque toute jeune, mais ses fondateurs sont aussi à l’origine d’Altitude Sports. Et quand ils ont lancé cette boutique en ligne, qu’est-ce qui tournait en boucle dans leur arrière-boutique? La musique de Dumas! C’est à l’occasion du 40e anniversaire de l’un des propriétaires, où on lui avait demandé d’être l’invité surprise, que Dumas les a connus. Et lorsqu’ils ont lancé la première collection Vallier, ils lui ont offert de choisir un morceau si l’un d’eux lui plaisait. Aimant tout et plus particulièrement les manteaux et les parkas, Dumas était ravi!


Curieux?

Découvrez les collections de Vallier


Musique instrumentale — Float Back to You, Holy Hive

L’album Float Back to You, Dumas le conseille pour relaxer. En période de confinement, c’est une musique qui plait à tout le monde dans la maison. Au printemps dernier, il avait beaucoup écouté la version avec voix, la version instrumentale n’étant sortie qu’il y a quelques semaines. Et pour lui, c’est définitivement un coup de cœur.

La musique de Holy Hive est à la fois « réconfortante comme un feu de camp au bord de la rivière et envoûtante comme un train qui file silencieusement dans la nuit », dixit leur maison de disque. Une description inusitée, mais qui correspond au bien-être qui s’instille dans nos oreilles.

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Musique – Concorde, Le Couleur

L’univers musical du trio montréalais Le Couleur s’inspire de la chanson française, avec des influences disco et yéyé. Pour Dumas, le côté rétro qui fait très années 70 est très dansant et respire la bonne humeur. C’est parfait pour faire de la route! Laurence Giroux-Do, la chanteuse du groupe, est aussi une excellente professeure de piano, qui enseigne d’ailleurs à son fils. 

Le plus récent album de la formation, Concorde, a été lancé en septembre dernier. Son nom fait référence au légendaire avion supersonique. Laurence Giroux-Do a eu une fascination pour ce bel « oiseau blanc » à l’esthétique chic et moderne qui a connu une fin tragique en s’écrasant en juillet 2000, peu après son décollage de l’aéroport Charles-de-Gaulle.

Dumas admire le courage des artistes qui osent lancer un album en cette période où on ne peut malheureusement pas faire de spectacles.

Clip Concorde


Spectacle – American Utopia, David Byrne

Dumas voue une grande admiration à David Byrne. Il dit se sentir proche de lui, comme s’il l’amenait vers ses prochains projets. En mars dernier, il devait se rendre à Broadway pour voir American Utopia. Rendez-vous manqué, puisque la représentation à laquelle Dumas devait assister a été annulée. Mais qu’à cela ne tienne : HBO vient de lancer l’adaptation cinématographique, réalisée par nul autre que Spike Lee.

Si vous n’avez jamais vu David Byrne sur scène, Dumas vous le conseille fortement. C’est un spectacle incroyable, du grand art sur le plan scénique. Au début, il est seul, puis les musiciens s’ajoutent peu à peu, donnant l’impression d’assister au processus de création. Pour Dumas, c’est l’un des plus beaux spectacles filmés qu’il ait vus!

David Byrne est l’ex-chanteur et guitariste du groupe Talking Heads. Le film Stop Making Sense, présentant un concert du groupe, fait aussi partie des coups de cœur de Dumas. À sa sortie en 1984, ce documentaire a été décrit comme « proche de la perfection » par The New Yorker.

Bande-annonce d’American Utopia


Danse — Anima, Thom Yorke et Paul Thomas Anderson

Ce court métrage de Paul Thomas Anderson met en vedette Thom Yorke (aussi chanteur de Radiohead) dans une chorégraphie fascinante d’une extrême précision de Damien Jalet, où les personnages semblent mener une lutte incessante contre la gravité. On plonge dans cet univers énigmatique pendant quinze minutes, sur les pièces issues d’Anima, le plus récent album solo de Yorke.

Après avoir été happé par ce film qu’il trouve visuellement incroyable, Dumas rêve d’un projet comme Anima, où la danse et le film sont intégrés à la musique… Qui sait où ça le mènera…


Soyez curieux!

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