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Le documentaire L'Écrin de verre raconte l'histoire d'un projet majeur pour le patrimoine culturel québécois : la réfection de l'enveloppe extérieure du Grand Théâtre de Québec. À l’instar des travaux d’envergure sur le bâtiment, ce projet cinématographique s’est avéré beaucoup plus long et complexe qu'initialement prévu. Cette chronique révèle les dessous de la production de ce film documentaire unique.

Inauguré en 1971, le Grand Théâtre se distingue par son architecture brutaliste caractéristique de cette époque et rayonne depuis sa construction comme institution phare dans le paysage culturel et urbain de Québec. Toutefois, dès 2004, une dégradation importante et dangereuse de ses parois de béton force l’amorce d’un chantier patrimonial majeur visant à garantir la sécurité et l’intégrité du bâtiment fréquenté, notamment, par des centaines de milliers de spectateurs annuellement. Un long processus plein de rebondissements commence alors…

L'Écrin de verre : un objet de mémoire pour le public

L’histoire de la réalisation du film documentaire L’Écrin de verre commence peu après le début du projet de réfection de l’enveloppe extérieure du Grand Théâtre de Québec. C’est en effet la volonté de Gaétan Morency, président-directeur général de l’institution, de documenter les étapes fondamentales de ce chantier majeur. L’objectif sous-jacent de cette entreprise est d'expliquer aux citoyens la problématique et la nécessité d’intervenir, tout en laissant une trace de cette démarche pour les générations futures.

Le plan initial est simple : produire une série de cinq capsules de cinq minutes chacune, décrivant tour à tour l’histoire du bâtiment, le problème constaté, la recherche d'une solution, la mise en œuvre de celle-ci puis, le résultat final. Mais ni Gaétan Morency, ni les réalisateurs du film, André Morency et Nicolas Léger, ne se doutaient alors que le projet de film allait prendre une autre forme et se muter au gré des rebondissements sur le chantier.

Albani Boudreau avec les réalisateurs André Morency et Nicolas Léger
Albani Boudreau, chef du service de l'immeuble du Grand Théâtre, André Morency et Nicolas Léger, réalisateurs

Changement de scénario

En effet, la complexité du projet architectural et de la vulgarisation de l’information pour le film aura finalement mené les réalisateurs à revoir leur plan initial. Plutôt que produire de courtes capsules indépendantes, un passionnant documentaire de plus de 45 minutes sera réalisé. Et même si la météo, la pandémie et la longueur du chantier ont fait de ce tournage un long effort, André Morency raconte qu'ils n’ont jamais perdu la motivation. En effet, les réalisateurs et leur équipe ont su s'adapter et ont adopté une formule où conception et réalisation se faisaient parfois simultanément, leur permettant de réagir aux aléas de façon créative. Une formule initialement retenue aussi par les équipes travaillant directement sur le projet de réfection et qui aura été d'une grande efficacité.

André Morency voit avec philosophie l'allongement de la durée de production. Cela aura permis d’aller encore plus loin dans la documentation d'un tel chantier! Pour les réalisateurs, garder le cap aura finalement été assez facile grâce à la fierté de travailler sur un projet aussi intéressant concernant un bâtiment mythique du patrimoine culturel québécois.

Albani Boudreau
Photo : Stéphane Bourgeois

Albani Boudreau entre le béton du bâtiment original et l'enveloppe de verre qui le protège maintenant.

Une aventure humaine

À l’écran, ce documentaire relate une aventure humaine ralliant de nombreux professionnels ayant œuvré durant plusieurs années pour résoudre un casse-tête architectural et esthétique. C’est d’ailleurs l'angle choisi par les réalisateurs : présenter cet immense projet comme une histoire vivante. Pour ce faire, ils ont fait le choix de ne laisser que les artisans du projet raconter eux-mêmes cette incroyable accomplissement, sans narrateur ni acteur.

André Morency confie que de donner la parole aux professionnels et artistes avait aussi une raison plus symbolique. On souhaitait en effet avoir un témoignage de premier ordre de la réalisation de ce projet, contrairement à il y a 50 ans alors que les premiers artisans du bâtiment, Victor Prus et Jordi Bonet notamment, n’avaient que peu été interviewés sur pellicule.

Cadreur filmant l'écrin de verre
Reflet d'un cadreur filmant l'enveloppe de verre en construction

Un film à voir absolument

En plus de relater une histoire captivante, de poser un regard unique sur une institution culturelle d’importance et de vulgariser des concept de préservation du patrimoine culturel québécois, ce documentaire illustre brillamment les dessous d’une rénovation architecturale novatrice et acclamée. À ce jour, ce projet d’envergure s’est mérité 14 prix locaux, nationaux et internationaux en design et en architecture.

Que vous soyez ou non familier avec le Grand Théâtre ou l’architecture, L'Écrin de verre est un documentaire passionnant et enrichissant à voir absolument!

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