La rencontre des arts technologiques et des arts vivants, dans l’œil d'Ariane Plante - Partie 3 de 3

Pour la troisième et dernière chronique de la série, je vous invite à nouveau à plonger avec moi dans un univers artistique où se mêlent arts vivants et technologies, à travers un parcours d’écoute et de rencontres d’artistes dont la sensibilité, la pensée et la pratique me touchent particulièrement. Aujourd’hui, je vous parle de créateurs qui marient sur scène les technologies aux langages visuels, sonores et musicaux. Nous allons à la rencontre de trois artistes habitués des festivals d’arts électroniques, de musique électronique et de musiques nouvelles : Pierre-Luc Lecours et Myriam Boucher, qui œuvrent souvent en duo, puis Alexandre Burton, un artiste et luthier numérique de renom.

Les performances audiovisuelles : la rencontre sur scène de la musique, du son, des arts visuels et des technologies numériques

Dans les milieux des arts multidisciplinaires et des arts numériques, il y a une pléiade d’artistes qui fusionnent technologies, arts visuels, son et musique dans des formes d’art scéniques live; leur rapport sur scène à ces médiums va au-delà du travail scénographique ou de l’ambiance sonore ou musicale, ils créent une forme artistique à part entière que l’on appelle des performances audiovisuelles. Les orientations et configurations qu’elles peuvent prendre sont nombreuses, voire infinies. Je vous en fais découvrir quelques exemples!

Pierre-Luc Lecours et Myriam Boucher : composer avec le son et les images

Pierre-Luc Lecours est un compositeur et artiste multidisciplinaire[1], Myriam Boucher est compositrice et artiste vidéo[2]. Tous deux basés à Montréal, ils collaborent régulièrement ensemble pour la création d’œuvres scéniques, de performances audiovisuelles. Entre musique électroacoustique, musique de concert, écriture musicale annotée, vidéomusique, VJing, Djing et performances en direct, leurs pratiques sont protéiformes.

Héros, un concert audiovisuel pour neuf instruments à cordes

L’intérêt de Pierre-Luc et Myriam pour la création hybride, mariant écritures musicales et instrumentations « traditionnelles » et numériques me touche beaucoup. Leur œuvre audiovisuelle Héros ^[3], créée pour l’ensemble à cordes collectif9 et inspirée de l’univers musical de Beethoven, est une belle représentation de la rencontre sur scène des nouveaux langages avec des formes artistiques plus classiques.

Concert audiovisuel créé pour et avec l’ensemble collectif9, Myriam Boucher et Pierre-Luc Lecours, 2020

La composition visuelle et sonore, un processus vivant : l’exemple d’éléments

Nos excuses pour les bruits de fond très présents dans ce segment. Lors de l’entrevue en plein air avec les artistes, respectant les normes sanitaires, il y avait beaucoup d’action autour de nous. Même un avion de ligne est passé juste au-dessus de nos têtes…

Pour terminer ce segment, les artistes nous parle d’Éléments, une autre de leurs performances que j’ai eu la chance de voir à MUTEK en 2019. Par un dialogue audiovisuel en constante mutation, inspiré des mouvements, des comportements et de l’évolution de l’air, l’eau, le feu et la terre, Éléments s’appuie sur la relation sensible et cinétique que l’être humain entretient avec la nature, tout en explorant la représentation qu’il se fait de celle-ci ^[4].

Éléments, performance AV, Myriam Boucher et Pierre-Luc Lecours, 2018

Alexandre Burton : un artiste et luthier numérique incontournable

Allons maintenant à la rencontre de la pratique artistique personnelle d’Alexandre Burton, qui est compositeur, électroacousticien, luthier numérique et aussi chercheur, codeur, programmateur et consultant. Pionnier et véritable référence en arts numériques au Québec, ses œuvres personnelles sont régulièrement présentées dans des manifestations internationales^[5].

Trois pièces avec des titres : trois courts opus électroacoustiques composés en direct

Trois pièces avec des titres est un autre bel exemple de performance audiovisuelle, mais son modus operandi tout comme les esthétiques qu’elle arbore sont différents de ce que nous avons vu précédemment. Créée par Alexandre Burton et son acolyte Julien Roy, la performance s’érige autour d’un instrument de composition interactif qui rassemble appareils photo, synthétiseurs, instruments de musique acoustiques, ordinateurs et projections vidéo. Avec un goût manifeste du jeu et une dose certaines d’humour, Alexandre Burton et son acolyte Julien Roy y enchaînent en temps réel une succession de gestes et de manipulations captés en direct, composant ainsi, à la vue du public, trois pièces électroacoustiques et visuelles.^[6]

Performance, Alexandre Burton et Julien Roy du studio artificiel, 2017

Pour conclure!

Qu’il s’agisse d’instruments matériels ou immatériels, les dispositifs sur lesquels les artistes s’appuient pour faire vivre leurs univers sonores et visuels devant le public permettent l’émergence de langages performatifs et d’écritures scéniques nouvelles, constamment réinventées. Ces formes d’arts vivants sont loin d’être étrangères aux œuvres visuelles numériques que l’on présente au Studio. Créées à partir d’outils et de procédés technologiques semblables, les créations installatives et performatives ont des racines communes.

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La rencontre des arts technologiques et des arts vivants - Partie 1 de 3

La rencontre des arts technologiques et des arts vivants - Partie 2 de 3