Photo de la chronique
Photo : Saison complète, spectacle multidisciplinaire, Théâtre Rude Ingénierie, 2018. Photo : Émilie Dumais

Avec ce cycle de trois chroniques, je vous invite à découvrir les pratiques de créateurs qui inventent de nouveaux langages artistiques ou encore de nouveaux potentiels scénographiques en mariant sur scène les technologies aux disciplines comme la danse, la performance, l’audiovisuel, le théâtre ou la musique. Je vous invite à venir à la rencontre d’artistes et de leurs pratiques qui m’ont touchée, comme commissaire et spectatrice, et à découvrir des expériences et des œuvres qui ont particulièrement marqué mon imaginaire.

L'heureuse cohabitation des langages scéniques et technologiques

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Je vous convie dans un univers artistique où se mêlent arts vivants et technologies, à travers un parcours d’écoute et de rencontres d’artistes multidisciplinaires dont la sensibilité et la pensée me touchent particulièrement. Des artistes, créateurs et interprètes que j’admire, et dont les œuvres contribuent à l’essor que connaissent actuellement les nouvelles écritures artistiques.

Les technologies sont présentes partout, jusque dans les arts de la scène. Mais celles dont il est question ici vont au-delà de la technique scénique ou des équipements qui supportent les composantes des spectacles (éclairage, projection vidéo, système de son, etc.). Je vous parle des technologies qui, en dialoguant avec les formes d’arts vivants comme la danse, le théâtre ou encore la musique, vont faire éclore de nouveaux langages artistiques.


Théâtre rude ingénierie, réimaginer sans cesse les manières de faire de la scène

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Vous les connaissez peut-être pour avoir vu leurs spectacles Venise, Dreamland[1] ou encore leur œuvre La remise de Diogène. Animés par un esprit collectif, les protagonistes de cette compagnie de création multidisciplinaire de Québec font cohabiter dans leurs œuvres objets, machines, sculptures, dispositifs technologiques, performeurs, danse, musique, théâtre… Bienvenue dans l’univers de Théâtre Rude Ingénierie!


Le spectacle (Entre), l'intéraction de la danse et de la technologie

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(Entre) est un exemple éloquent du potentiel dramaturgique que peut générer la fusion d’un dispositif scénographique technologique au langage chorégraphique. Au cœur du spectacle, la figure du couple, l’intimité. L’attirance et les tensions qui animent ce couple sont incarnées par un fin dialogue entre la danse et le dispositif d’éclairage interactif qui, grâce aux technologies qui l’articulent, répond aux gestes des interprètes, devenant ainsi un « personnage » à part entière dans l’œuvre.

(ENTRE), Théâtre Rude Ingénierie, 2016. Interprètes : Josiane Bernier et Fabien Piché.


Art robotique, art cinétique, arts visuels, performance, musique, cinéma...Saison complète, une œuvre totale!

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Œuvre inclassable s’il en est une, Saison complète combine la puissance de l’art vivant, avec la présence des corps physiques des performeurs, aux potentiels expressifs et poétiques des machines, des objets et de la matière. Fruit d’une commande d’œuvre des productions Recto-Verso, l’œuvre est à la fois une installation, une performance et un film.[2]

Saison complète, Théâtre Rude Ingénierie, 2018.

Interprètes : Josiane Bernier, Bruno Bouchard, Philippe Lessard Drolet, Danya Ortmann, Fabien Piché, Pascal Robitaille.

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Line Nault, au cœur du perceptif, la rencontre du corps en mouvement et du numérique

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Poursuivons le parcours pour aller à la rencontre de Line Nault, une artiste multidisciplinaire dont toutes les œuvres ont jusqu’ici été présentées au Mois Multi, le festival international d’arts multidisciplinaires et électroniques de Québec. Son travail, ancré dans le perceptif plus que le spectaculaire, se fonde principalement sur l’alliance entre la présence du corps en mouvement, du médiatique et du numérique. Elle développe des univers performatifs en intégrant différents procédés technologiques comme l’imagerie 3D, l’interactivité, la géolocalisation ou les algorithmes génératifs par exemple. Son acolyte Alexandre Burton, avec qui elle collabore depuis près de 20 ans, assure le développement technologique de ses œuvres. Comme les artistes de Théâtre Rude Ingénierie, elle s’intéresse à la fusion des langages artistiques afin de créer de nouvelles formes d'écritures, narratives, visuelles, chorégraphiques…


SuperSuper : corps, son et image, des présences dans le réel et le virtuel

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SuperSuper [3] est un magnifique exemple de ce qui peut émerger d’une complicité artistique comme celle qui existe entre Line Nault et Alexandre Burton! La conjonction de leurs sensibilités et de leurs expertises permet la véritable communion des technologies avec l’art du corps en mouvement. Fondée sur la résonance du corps dans l’espace et sa projection dans le virtuel, l’œuvre performative unit danse, vidéo et lutherie numérique interactive. Deux danseuses exécutent une partition gestuelle vertigineuse qui interagit avec un code numérique, donnant une dimension poétique visuelle saisissante! [4]

SuperSuper, Line Nault, 2018.

Interprètes : Audrey Bergeron et Jessica Serli.

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En conclusion

Avec Théâtre Rude Ingénierie et Line Nault, tout comme avec les artistes derrières les œuvres visuelles que l’on expose au Studio du Grand Théâtre, nous ne sommes jamais devant des créations centrées sur la fascination pour les « gadgets technologiques » ou le désir d’en mettre plein la vue avec une virtuosité technique : chaque élément technologique est à la source de l’écriture de l’œuvre, participe à la construction de son sens et a le potentiel de transformer le rapport que les spectateurs établissent avec celle-ci, dans la manière dont ils vont l’appréhender, la regarder, la capter, la comprendre, la ressentir… Pour moi, cet aspect est fondamental et c’est ce qui en fait des pratiques extrêmement riches!


[1] La Fabrique Culturelle a produit une vidéo au sujet de cette œuvre : https://www.lafabriqueculturelle.tv/capsules/7624/dreamland-parc-d-attractions-revisite

[2] Pour ceux qui aimeraient en apprendre davantage sur l’œuvre et la compagnie de création, le Mois Multi a réalisé une capsule vidéo lors de leur passage au festival en 2018 : https://www.youtube.com/watch?v=Y9moyRTeG9s

[3] Pour ceux qui aimeraient en apprendre davantage sur l’œuvre, le Mois Multi a réalisé une capsule vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=kueUnMKyUF8&feature=emb_title

[4] Site de l’artiste : https://nault.ca/project/super-super/

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