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Photo : Louise Leblanc

Pendant un spectacle, une part importante de l’ambiance découle de l’éclairage. Il faut mettre les artistes en lumière et servir leur propos, sans détourner l’attention du public, ce qui exige un savant dosage de savoir-faire et de sensibilité artistique. Dans le cadre de notre série sur les artisans de la scène, nous braquons aujourd’hui les projecteurs sur Nyco Desmeules et Denis Guérette, chefs éclairagistes au Grand Théâtre de Québec.

Lors d’une journée de spectacle typique, le chef éclairagiste monte sur scène dès 8 h le matin pour recevoir les plans techniques. Sa tâche consiste à reproduire tout ce qui apparait sur ce plan : il faut sortir le bon équipement et l’installer au bon endroit, avant de faire les réglages et les tests. Puis, pendant la représentation, il faut opérer les consoles d’éclairage. Certains équipements sont programmés à l’avance ou contrôlés à distance, tandis que d’autres — les projecteurs qui suivent un artiste sur scène, par exemple — sont actionnés manuellement. Il y a de la pression et un horaire serré à respecter. « Parfois, c’est stressant, admet Nyco Desmeules, chef éclairagiste à la salle Louis-Fréchette. Et même si au Grand Théâtre on entretient vraiment bien nos équipements, personne n’est à l’abri d’un problème technique… ».

À ce sujet, Denis Guérette, chef éclairagiste à la salle Octave-Crémazie, se remémore un spectacle où, pour une question de réglage, les projecteurs se sont brusquement tournés vers le plafond, plongeant Marc Hervieux dans la pénombre en plus de faire un bruit d’enfer. Il a continué de chanter et les techniciens ont vite réglé le problème, mais ils ont eu des sueurs froides…

« Un autre danger qui nous guette, c’est de trop rentrer dans le spectacle, de se mettre à écouter la pièce de théâtre, par exemple. On peut alors passer tout droit et rater les moments où c’est nous qui devons agir ». Denis Guérette sourit en pensant à une prestation où il s’est laissé prendre par le jeu de Marie Tifo jusqu’à ce qu’il entende la régie demander dans ses écouteurs « Denis, es-tu avec nous? ».

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Denis Guérette

Tous deux autodidactes, Nyco Desmeules et Denis Guérette ont aussi fait beaucoup de conception d’éclairage pendant leur carrière. Ils en ont encore l’occasion parfois. « Je me souviens entre autres d’un spectacle de Daniel Lanois, qui est arrivé au Grand Théâtre sans éclairagiste. C’est moi qui ai fait la conception, un moment de grâce », relate Nyco Desmeules.

L’éclairage est une forme de langage qui sert d’abord à créer une atmosphère. Or, la technologie a beaucoup évolué au cours des dernières années. Les lampes au tungstène ont été remplacées par celles au quartz et ce sont maintenant les DEL (diodes électroluminescentes) qui ont la cote.

« Avant, pour modifier la couleur d’un éclairage, on devait monter dans un escabeau et changer la teinte de la gélatine. Maintenant, on peut faire ça automatiquement, à partir de la console. Ça donne beaucoup de possibilités, mais ça ouvre aussi la porte au tape-à-l’œil. Un bon éclairage, ça doit être homogène, servir le propos. Il ne faut pas en faire trop : on doit voir le spectacle, pas l’éclairage », rappelle Nyco Desmeules. Denis Guérette, qui enseigne les techniques de scène au Centre d’études collégiales de Montmagny, abonde en ce sens. « On peut allumer 300 projecteurs et que ça fasse de la bouette. Ou en mettre juste un, à la bonne place, et que ça fasse Wow! ».

Les deux hommes expriment beaucoup de fierté à l’égard du Grand Théâtre. « On est bien équipés, mais on est aussi bien organisés. Je suis fier quand on accueille une production et que les projecteurs sont propres, en ordre, bien rangés. Ça parait quand vient le temps de livrer la marchandise, les équipes de tournées sont toujours contentes de venir ici! » conclut Denis Guérette.

Nyco Desmeules
Nyco Desmeules


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