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Le métier de chef projectionniste
Le chef projectionniste est responsable de tout ce qui touche la projection d’images durant un spectacle. Ce titre semblant sortir d’une autre époque fait référence aux projecteurs de films sur bobine 35mm ou 70mm et aux projecteurs à diapositives. À l’époque, un opéra pouvait exiger la projection de 700 diapositives de surtitres, par exemple. Il ne fallait pas se mêler dans les carrousels! Aujourd’hui, la plupart des équipements qu’utilisent Serge Gingras et Pierric Ciguineau, respectivement chef projectionniste et chef polyvalent au Grand Théâtre de Québec, font plutôt appel à la haute technologie comme les lasers, les processeurs numériques, la réseautique, la modélisation 3D, ce qui permet la manipulation d’image en haute définition et leur projection dans un environnement très lumineux. Il est maintenant possible de préparer les images et les effets à l’avance et même de simuler en 3D le résultat de la projection d’images sur des décors. Surtout, cela permet de gagner beaucoup de temps et de flexibilité!
Qu’il s’agisse d’un spectacle rock, d’un opéra ou d’une pièce de théâtre, la vidéo est de plus en plus intégrée au décor d’un spectacle. Elle peut parfois même le remplacer, notamment grâce au mapping, une technologie multimédia permettant de projeter de la lumière ou des vidéos sur des volumes pour recréer des univers entiers. « C’est beaucoup plus flexible qu’avant, on peut essayer des choses, faire des changements. Quand je pense au temps qu’il fallait pour créer certains effets il y a 20 ans… », s’amuse Serge Gingras.
En 2019, pour la création du Vaisseau fantôme, le Metropolitan Opera de New York a fait appel à l’expertise du Grand Théâtre. En tant que consultant technique pour l’Opéra de Québec, la riche expérience de Serge Gingras a été mise à contribution afin d’aider la production du MET à donner vie au célèbre opéra de Wagner. Le spectacle a été conçu et présenté en première à Québec, tout en respectant les contraintes du MET, où il devait être diffusé par la suite. Dans ce spectacle à grand déploiement, l’intégration était si réussie qu’on ne pouvait distinguer le décor et la projection. Le ciel et la mer prenaient vie sous nos yeux.
Serge Gingras est tombé dans la potion magique de la scène quand il était petit. « Mes deux parents travaillaient au Grand Théâtre : mon père était machiniste et ma mère, habilleuse. Je me souviens de la première saison du Trident, en 1971. J’ai vu Charbonneau et le Chef, avec Jean Duceppe et Jean-Marie Lemieux, à partir des coulisses. Ce n’était vraiment pas du théâtre jeune public, mais j’ai eu la piqûre pour les éclairages, l’ambiance… » Cinquante ans plus tard, il a toujours autant de plaisir à pratiquer son métier, notamment parce que celui-ci combine un volet technique et un volet artistique. « On est toujours à l’affut des nouvelles technologies, c’est trippant ce qu’on peut faire aujourd’hui! J’aime découvrir de nouveaux équipements et me demander comment je vais pouvoir les utiliser pour traduire en images les idées des créateurs. »
Pierric Ciguineau acquiesce à ces propos. « On sort parfois de notre zone de confort, mais c’est ça qui est le fun. Souvent, les plus petites productions qui arrivent au Grand Théâtre n’ont pas de concepteur technique, on peut leur proposer des choses. Et comme on est l’une des salles les mieux équipées au Québec, il y a de quoi s’amuser! », affirme celui qui conçoit actuellement la nouvelle régie de la salle Octave-Crémazie.
Il est vrai que côté équipement, le Grand Théâtre est bien nanti. Les nombreux investissements faits au cours des cinq dernières années dans le département vidéo ont d’ailleurs permis d’être créatifs pendant la pandémie. « Avant, nos caméras servaient surtout à la retransmission dans la salle, pendant le show, explique Serge Gingras. Les doigts d’un pianiste étaient projetés en gros plan, par exemple. Mais là, on s’est mis à faire de la diffusion live, pour des spectacles de l’Orchestre symphonique de Québec ou des artistes qui se produisent au STUDIOTELUS. C’est tripant! »
Après avoir voyagé à travers le monde avec le Cirque du Soleil et Cavalia, et travaillé sur des mégaproductions comme le spectacle de Cher au Coliseum de Las Vegas, Pierric Ciguineau œuvre au Grand Théâtre depuis 5 ans. « Avec des créateurs comme Robert Lepage, les demandes peuvent être très poussées… Parfois, on se surprend nous-même d’y arriver. Mais c’est justement ce que j’aime dans ce métier : il y a toujours des solutions à trouver, ce n’est jamais routinier! »
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