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Le fantasme punk rock de Benoît McGinnis
Découvrez les dessous du spectacle Hedwig et le pouce en furie avec son interprète principal, Benoît McGinnis. Le comédien y incarne le personnage flamboyant Hedwig, qu’il a découvert à Broadway il y a presque dix ans sous les traits de Neil Patrick Harris. En amont de son passage au Grand Théâtre les 23, 24 et 25 mai 2023, il vous révèle la génèse de ce projet singulier et de son adaptation québécoise.
Révélation new-yorkaise
En 2014 à New York, alors que Benoît McGinnis est assis au fond du parterre d’un théâtre où l’atmosphère est survoltée, la pièce agit sur lui comme une révélation.
« C’était la folie, les gens applaudissaient, connaissaient les chansons, je me demandais “Mais qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce que je découvre?” C’était comme le Rocky Horror Picture Show! »
Il admire la performance du comédien américain, en se disant que ce rôle comprend tout ce qui l’attire sur scène : du chant, une métamorphose flamboyante, une énergie rock et cette position grisante de tenir un spectacle sur ses épaules. « Je le voyais aller et je me disais : “C’est ça que je veux faire.” »
Le projet dort quelques années dans un coin de sa tête avant qu’il décide d’en parler au metteur en scène René Richard Cyr, avec qui il a travaillé sur Le chant de Sainte Carmen de la Main et Demain matin Montréal m’attend, qui a remporté le prix du Spectacle de l’année au gala de l’ADISQ en 2018. Tout se met en place. Catherine Simard de la Maison Fauve, qui a adoré l’adaptation cinématographique, accepte de produire le spectacle.
Un cabaret intime
Sur le plateau de cette pièce de théâtre musical, Hedwig occupe le centre de la scène, accompagnée de quatre musiciens et de son mari et choriste, toujours interprété par une femme. Dans l’adaptation québécoise, ce rôle est interprété par Élisabeth Gauthier Pelletier.
Pour suivre un Américain et fuir l’Allemagne, Hedwig a subi une opération de changement de sexe. Celle-ci a mal tourné et son membre atrophié a inspiré le nom de son groupe, les Pouces en furie.
Au fil de son tour de chant, le personnage raconte son histoire, marquée par les coups du sort, ses déboires avec les hommes et surtout, la recherche de l’amour. « Elle se demande comment elle va faire pour trouver quelqu’un qui va l’accompagner en acceptant tout ce qu’elle est. Elle raconte, puis elle chante un air qu’elle a composé ou une chanson qui poursuit son émotion », explique Benoît McGinnis.
Le rôle est exigeant et demande que le comédien soit en pleine forme, tant vocalement et physiquement que mentalement. « Quand je joue de gros rôles comme Hamlet ou Caligula, je rentre dans un processus. Il faut que je sois complètement alerte, super présent, et que dans ma vie de tous les jours, j’aie une structure rigoureuse. Pendant le spectacle, je dois doser mon énergie pour en avoir jusqu’à la fin. »
Contrairement au théâtre classique, il n’y a pas de quatrième mur dans Hedwig et le pouce en furie. Le comédien s’adresse directement au public et s’adapte à ses réactions. « C’est un show plutôt rock, fait pour une formule cabaret, même si parfois je vais le présenter dans des salles de théâtre à l’italienne [comme Octave-Crémazie] », note le comédien-chanteur.
Mettre les chansons à sa main
Dans les crédits de la pièce, on note que Benoît McGinnis a collaboré à la traduction. « L’idée de départ était de faire appel à un traducteur ou une traductrice, mais quand René Richard a reçu le texte original en anglais, il s’est mis à le travailler et rapidement, il m’a appelé pour me dire qu’il était déjà rendu à la moitié », raconte celui qui a plongé dans l’aventure en portant attention plus particulièrement aux segments chantés.
« Ce n’était pas évident dans certaines chansons de garder le propos essentiel en français avec un phrasé qui fonctionne. Mais grâce à l’esprit de synthèse de René Richard, et en s’assurant que les accents toniques soient placés aux bonnes places, on y est arrivés. » Le duo a travaillé les formulations jusqu’à la toute fin des répétitions, pour que le texte soit le plus fluide possible.
Les créateurs de Hedwig and the Angry Inch laissent une grande liberté à ceux qui achètent les droits du spectacle. « On n’a pas de codes à respecter, on n’a pas acheté un format, comme c’est le cas avec certaines comédies musicales », indique Benoît McGinnis. Dans sa mise en scène, René Richard Cyr a utilisé les coffres de tournée, les fils de micro et les équipements techniques comme des accessoires. « Il peut travailler sur des spectacles à grand déploiement, comme ceux du Cirque du Soleil, mais il a la sensibilité de s’adapter à des lieux plus petits et de respecter l’esprit de la pièce. On trouve nos particularités à nous, avec des microdétails. »
Écoutez Benoît McGinnis chanter dans le vidéoclip Une perruque dans sa boîte :
Rêver d’être une rock star
Adolescent, Benoît McGinnis rêvait de devenir chanteur, sans trop savoir comment il pourrait s’y prendre. « J’ai 44 ans et, à l’époque, il n’y avait pas d’émission de téléréalité pour percer comme chanteur ou chanteuse. Ça semblait impossible à atteindre. » Pendant sa formation à l’École Nationale de théâtre du Canada, cette envie ressurgit lorsqu’il obtient la confirmation qu’il sait pousser la note et peut s’attaquer à des airs complexes.
Puis, il y a dix ans, il saisit sa première chance de chanter à la télévision dans l’émission En direct de l’univers de Patrice Bélanger. « Sur le plateau, l’équipe a vu que j’aimais ça, que j’étais à l’aise. Il y a des gens que ça angoisse, mais pour moi, chanter, c’est juste de la liberté », expose Benoît McGinnis, qui fait partie des candidats de la nouvelle émission Zénith, produite et animée par Véronique Cloutier.
En interprétant le rôle d’Hedwig en tournée un peu partout au Québec, il réalise son vieux rêve de jouer les rock stars. « Le costume, la perruque, les talons, la musique, c’est puissant. Ça comble bien des désirs ! »
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