Jireh Gospel Choir : un message d'espoir en chanson
L'ensemble montréalais Jireh Gospel Choir composé d'une quinzaine de chanteurs et de cinq musiciens allie gospel moderne et gospel plus traditionnel. Le groupe, qui a sillonné les routes du Canada, des États-Unis et de l'Europe au fil de son parcours, s'arrêtera à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec le 20 janvier 2024, afin de livrer en chanson son message d'espoir.
Carol Bernard : du CN au gospel
Sur scène, le Jireh Gospel Choir interprétera des classiques du gospel ainsi que des morceaux contemporains, en plus de ses compositions. Il livrera certaines pièces en français lors de son concert au Grand Théâtre.
Fondé dans la métropole en 1996 et dirigé par Carol Bernard, le Jireh (prononcer jai-rah) Gospel Choir a notamment travaillé avec l’Orchestre symphonique de Montréal. Il s'est aussi produit dans de nombreux festivals d’envergure tels le Festival International de Jazz de Montréal, le Festival de Jazz de Toronto ou le Discovery Jazz Festival aux États-Unis.
Le groupe compte les albums Jireh Gospel Choir (2004), Jireh (mini album lancé en 2011) Get Up (2014) à son actif.
Avant de fonder le Jireh Gospel Choir, Carol Bernard « avait une carrière dans le domaine des affaires » pour la compagnie ferroviaire Canadien National (CN). Celle qui avait pris des cours de piano dès l'enfance et qui avait toujours eu un pied dans le monde de la musique fut invitée à diriger la chorale de la Union United Church. « Ça, c'est l'église d'Oscar Peterson, d'Oliver Jones (…). Une église historique noire à Montréal», raconte celle qui est née de parents jamaïcains.
Cet engagement la mènera éventuellement à fonder le Jireh Gospel Choir au milieu des années 90. Pendant un certain temps, Mme Bernard a continué à occuper un poste de direction au CN tout en dirigeant la chorale de l'église Union. Elle fera toutefois ensuite le grand saut pour se consacrer entièrement à la musique. Elle retournera même aux études pour compléter un baccalauréat en musique à l’Université de Montréal.
En plus d'avoir fondé le Jireh Gospel Choir, Carol Bernard a aussi mis sur pied le Montreal Gospel Choir. Parmi ses nombreuses réalisations, elle a même été juge pour les prix Juno, qui récompensent les artisans de la musique canadienne!
Des musiciens chevronnés
Jireh Gospel Choir compte cinq musiciens « chevronnés », dont le bassiste Paul Charles, qui est aussi le directeur musical de l'émission Tout peut arriver, diffusée à la radio de Radio-Canada sur Ici Première, en plus de jouer avec de nombreux artistes.
Alors que la plupart des musiciens du groupe font carrière dans le domaine à temps plein, on retrouve des gens de divers milieux parmi les chanteurs et chanteuses du Jireh Gospel Choir : un avocat, plusieurs enseignants, un directeur-adjoint d'école et un entrepreneur, entre autres!
Même s'ils ne font pas carrière en musique à temps plein, les voix de cet ensemble gospel ont un point en commun : les membres « adorent » chanter, dit Mme Bernard. « On aime être ensemble! « , ajoute-t-elle. Certains sont même dans la chorale depuis 20 ans.
Lorsqu'elle recherche des chanteurs pour le Jireh Gospel Choir, Carol Bernard aime s'entourer de timbres de voix différents. « Je façonne un son et c'est ça que les gens remarquent de notre chorale. Ça sonne vraiment comme blendé (unifié). C'est comme une voix. On travaille beaucoup sur ça », raconte la fondatrice.
Les origines du gospel
La musique gospel tire ses origines des esclaves africains qui avaient été amenés en Amérique du Nord, raconte Carol Bernard. L'esclavage y a pris son essor au 17e siècle (bien que des esclaves se soient trouvés sur le territoire plus tôt), avant d'être officiellement aboli aux États-Unis en 1865.
« Ça a commencé dans le Sud » des États-Unis. « La musique a commencé avec un son de plantation, vraiment comme negro spiritual : quatre voix un peu plus classiques (de timbres différents). Les voix étaient plus dispersées. On a ce feeling comme de travailler dans un champ », enchaîne Mme Bernard.
Au début du 20e siècle, des éléments jazz et blues ont commencé à être incorporés aux chants religieux. La musique sacrée noire du Sud migrait vers le Nord et se transformait. De ce mélange d'influences est née la « gospel music », explique Mme Bernard
Thomas Dorsey, un Afro-américain surnommé le « père du gospel », a d'ailleurs permis à ce genre musical de rayonner à partir des années 1930. D'abord musicien de blues dans les années 20, il a écrit quelque 3000 chansons dont le tiers étaient des morceaux gospel, comme les classiques Take My Hand, Precious Lord et Peace in the Valley, interprétés par de nombreux artistes tels Mahalia Jackson et Elvis Presley. Établi à Chicago, il était aussi actif dans le monde de l'édition musicale et a fondé en 1933 la National Convention of Gospel Choirs and Choruses, une organisation toujours active dont le but est de cultiver l'appréciation de la musique gospel et développer la croissance spirituelle de ses membres.
Écoutez le classique du gospel Take My Hand, Precious Lord interprété par Thomas Dorsey :
Un message d'espoir
Au fil de son évolution, le gospel a conservé ses racines religieuses. Toutefois, tout le monde, croyants ou non, peut apprécier cette musique qui porte avant tout un message d'espoir.
« Je suis née à Montréal. Je suis Québécoise. La musique qu'on fait c'est pour les Québécois en premier (…). Je connais les racines des Québécois et je réfléchis beaucoup sur qui on est. Pour l'album qui a gagné le prix (de l’Album gospel de l’année remis par la Gospel Music Association Canada), ma fierté dans ça c'était qu'il y ait trois chansons en français », dit Mme Bernard au sujet de Get Up.
« La musique? Oui, c'est pour tout le monde. Est-ce qu'il y a un côté religieux? Oui, parce que c'est ça les racines de la musique. C'est ça la puissance de la musique aussi, mais c'est pour tout le monde. Ça tombe que moi je suis croyante, mais le message n'est pas juste pour les gens dans les églises. C'est pour tout le monde. Ma passion c'est de prendre cette musique qui vient de l'église et de l'amener à l'extérieur. »
Le gospel « a toujours cette espèce de tristesse (…), mais il y a toujours de l'espoir », explique-t-elle, en ajoutant que les airs sont souvent interprétés dans des tonalités mineures.
Au début, dans les morceaux, il y avait « cette réalité (que les esclaves) n'avaient pas choisie, mais il y avait toujours un espoir soit de se sauver ou d'aller aux cieux. C'est ça qu'il y a dans cette musique, encore même aujourd'hui », enchaîne Mme Bernard.
« Le message est resté toujours le même. Oui, cette musique-là est née dans l'église. On ne peut retirer ça de la musique», ajoute Carol Bernard au sujet du gospel. Même si son répertoire est spirituel, le Jireh Gospel Choir reste toutefois conscient des réalités du Québec d'aujourd'hui, dit-elle.
Dans ses compositions, l'ensemble garde d'ailleurs « l'esprit et l'authenticité, au niveau de la musique, de ce qui vient des États-Unis. C'est du gospel, en premier, mais on le fait pour le Québec ».
Briser les clichés
La fondatrice du Jireh Gospel Choir se dit « passionnée » à l'idée de faire rayonner le gospel et de briser les clichés. Parmi les mythes, certains pourraient croire que cette musique ne s'adresse qu'aux personnes afro-descendantes, qu'aux gens qui « se disent religieux » ou que c'est « quelque chose des années 50-60 ».
Le gospel représente « toute l'évolution de la musique noire et des peuples noirs avec un message qui est pour tout le monde », ajoute-t-elle.
Le Jireh Gospel Choir a d'ailleurs présenté des concerts dans de nombreuses villes de Québec, au Canada, aux États-Unis, en France et en Italie. Il souhaite transmettre son message d'espoir à un plus vaste auditoire possible, soutient Carol Bernard.
Certaines personnes pourraient aussi croire que c'est une « chorale » qui s'adresse à un public plus âgé en raison du caractère spirituel de son répertoire. Mme Bernard tient à préciser que la musique du Jireh Gospel Choir, qui mélange plusieurs styles comme le hip-hop, s'adresse aux gens de tous âges et de toutes cultures. « C'est vraiment pour tout le monde », insiste-t-elle.
Il s'agit d'une musique qui nous fait vivre une gamme d'émotions et nous interpelle par son côté participatif. Les spectateurs sont d'ailleurs largement sollicités lors des concerts du Jireh Gospel Choir : « On les fait chanter, on les fait danser », conclut Carol Bernard.
Voyez l'ambiance d'un concert de Jireh Gospel Choir lors d'un passage à Montréal dans ce court extrait vidéo.
Que vous soyez amateur de gospel ou désireux de découvrir ce style musical, ne manquez pas le passage de Jireh Gospel Choir au Grand Théâtre le 20 janvier 2024 :
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