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Flamboyant et sensuel, le tango? Social Tango Project montrera plutôt son côté intime, le 17 avril 2023 au Grand Théâtre. La compagnie argentine convie les amateurs de danse à découvrir l’ambiance conviviale des milongas — un joli mot qui désigne à la fois une soirée de tango social et le lieu où celle-ci se déroule. Rencontre avec Agustina Videla, la directrice artistique de Social Tango Project.

Au nom de l’amour

L’amour du tango d’Agustina Videla remonte à loin. Après une enfance et une adolescence à faire de la danse classique, puis contemporaine, elle est tombée amoureuse de cette danse intime et chaleureuse qu’on trouve dans les milongas. « Dans ces endroits où l’on va pour danser socialement, tout le monde est bienvenu. Il y a des gens de 80 ans et d’autres de 18 ans. Je trouvais ce croisement de générations fantastique », raconte celle qui est devenue une ambassadrice de ce style de danse. « Le tango, ça se danse à n’importe quelle étape de la vie. »

Alors qu’on louange souvent les qualités physiques exceptionnelles déployées par les compagnies de danse professionnelle, l’expressivité et la rencontre sont les fondements du tango. « Il y a des gens qui disent que le tango est à la danse ce que le jazz est à la musique. Il y a une part d’improvisation qui fait que, chaque fois, ça peut être complètement différent », explique Agustina Videla.

Depuis 2012, Social Tango Project célèbre différents aspects de son art avec des spectacles, des films, de la musique et des expositions de photos. Au printemps 2023, la compagnie fera sa première tournée de spectacles hors de l’Argentine, à travers le Canada et les États-Unis. « On collabore avec la communauté locale de chaque endroit où on s’arrête, note la directrice artistique. Un des buts du projet est de donner davantage de lumière à ce qui se passe déjà dans la ville et d’encourager plus de personnes à inclure le tango dans leur vie. »

Social Tango Project
Photo : Carlos Furman

Un spectacle enveloppant

Dans le spectacle présenté au Grand Théâtre, douze danseurs et danseuses exécutent une chorégraphie qui laisse une certaine part aux mouvements intuitifs. Leur défi est de transmettre les sensations qu’on éprouve en dansant dans un cadre moins formel. « Ce n’est pas pour impressionner, mais pour le plaisir de connecter avec notre corps, avec la musique, et de partager un espace avec un groupe de gens qui dansent au même moment », expose Agustina Videla.

L’histoire que suivront les spectateurs le 17 avril est celle d’une femme qui découvre les milongas et qui se donne le défi d’apprendre à danser. Mais il n’y aura pas que des chorégraphies : des images vidéo et de la musique bonifient l’expérience. « Dans le spectacle, il y a des images vidéo en noir et blanc très belles et poétiques de Buenos Aires, prises par la photographe Nora Lezano. Ça nous fait plonger dans la ville, qui est très éclectique et pleine de contrastes », décrit la chorégraphe.

Le volet musical est assuré par un chanteur, une chanteuse et cinq musiciens, qui réinventent des airs du répertoire traditionnel de la milonga avec des arrangements modernes. Ils sont guidés par Fulvio Giraudo, un pianiste renommé qui fait notamment partie de l’ensemble Sexteto Mayor, l’un des plus anciens d’Argentine.

Social Tango Project
Social Tango Project
Social Tango Project

Photo : Paola Evelina

Photo : Carlos Furman

Photo : Carlos Furman

Évoluer avec son époque

Il n’y a pas que la musique qui est mise au goût du jour. La vision actuelle du Social Tango Project s’incarne aussi à travers les différents couples qui évolueront sur les planches, où ce n’est pas nécessairement l’homme qui mène le mouvement. « C’est un exercice formidable et symbolique de savoir se laisser guider par quelqu’un dans la danse. Pour suivre, il faut avoir confiance, deviner sans anticiper », note Agustina Videla qui, pour sa part, avec toutes ses années d’enseignement, est plus à l’aise lorsqu’elle dirige. Plutôt que des amants dévorés de passion, les interprètes du spectacle incarnent des amis, des sœurs, des voisins. « Souvent c’est amical, très ludique. »

Les bienfaits du tango sont multiples à l’époque actuelle où de nombreuses personnes se sentent stressées ou bousculées. « C’est une sorte de méditation, une activité qui nous ancre dans le moment présent, nous fait sortir de notre tête et oublier nos préoccupations », résume la directrice artistique.

Un film qui dit tout

Les relations de complicité et de tendresse qui s’établissent en dansant le tango sont mises en valeur dans le court-métrage Being que la compagnie a présenté dans de nombreux festivals. Dans une succession de ralentis et de moments où la musique s’efface parfois, on s’accroche aux visages concentrés et aux regards complices qu’échangent les protagonistes. Un documentaire, qui permet de suivre un homme de 70 ans qui découvre le tango et montera pour la première fois sur scène, est en ce moment en postproduction.


Vous voulez en savoir plus ?

Et ne manquez surtout pas le spectacle de la compagnie pour sa première tournée québécoise, le 17 avril 2023 au Grand Théâtre!

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