Une saison de danse qui révèle et rassemble
Pour qualifier les spectacles de danse de la saison 2023-2024 du Grand Théâtre, Christian Noël a choisi des mots qui commencent par tous par «r». Découvrez cette offre rayonnante, rassembleuse et rythmée, présentée par le directeur de la programmation.
Équilibre et constance
Si on connaît surtout le Grand Théâtre pour sa programmation musicale, l’institution accueille un large éventail de disciplines artistiques. La danse, tant locale qu’internationale, y occupe une place particulière et rejoint un public enthousiaste.
Pour inciter le public à mettre des spectacles de danse à son agenda, Christian Noël a concocté un calendrier qui fait le grand écart sur toute l’année, de la mi-septembre à la fin mai. «Dans un souci de constance et d’équilibre, j’ai tenté d’étendre la saison, en présentant environ un spectacle par mois – tout un défi logistique», indique le directeur de la programmation du Grand Théâtre.
Il avait aussi pour objectif de proposer des styles de spectacles variés, qui offriraient plusieurs portes d’entrée sur cet art du mouvement, où un soin particulier est apporté à la scénographie (décor, lumières, costumes). «C’est un aspect de la danse qui me plaît beaucoup, et que je soulignais souvent à mes étudiants [du DEC en Gestion des techniques de scène au Centre d’études collégiales de Montmagny]», note-t-il.
Ses choix ont été faits de concert avec deux organismes spécialisés avec lesquels le Grand Théâtre entretient des liens depuis longtemps : Danse Danse et La Rotonde.
Le [R]enouveau de GROUND
Pour confronter les corps aux forces implacables du temps et de la gravité, la chorégraphe Caroline Laurin-Beaucage a choisi un équipement rarement utilisé en danse : le trampoline. «Ça renouvelle la discipline, autant dans la manière de faire que dans le propos», souligne Christian Noël.
Il a choisi de placer ce spectacle sur la scène de la salle Louis-Fréchette. «Je voulais en profiter pour magnifier le lieu. En arrière-fond des interprètes qui sautent, on verra les sièges et la salle plutôt qu’un simple mur.» L’effet devrait être non seulement magnifique, mais légèrement vertigineux, ce qui colle tout à fait à l’esprit de GROUND.
Le spectacle a été porté à son attention par Ariane Plante, commissaire aux œuvres numériques du STUDIOTELUS. Elle proposait de présenter REBO(U)ND, une projection vidéo architecturale créée par la même compagnie, et où flottent les corps des danseurs. L’œuvre numérique et le spectacle pourront donc être présentés ensemble pour la première fois, en septembre.
Fear and Greed : une [R]enaissance
Le chorégraphe et danseur Frédérick Gravel nous a habitué à des spectacles incarnés avec un côté rock et déjanté. Avec Fear and Greed, il prend pour la première fois la scène d’assaut seul. Enfin presque, puisqu’il y aura tout de même des musiciens, sous la direction de Philippe Brault.
«Gravel est établi, reconnu par ses pairs, mais au lieu de continuer dans la même veine, il se met en danger, explique Christian Noël. C’est une approche très physique, appuyée par la musique. Le titre parle de lui-même, c’est un show qui va avoir de l’impact.»
Stations inspire le [R]espect
Louise Lecavalier est de retour sur scène pour porter un solo fougueux, en quatre temps. Immense créatrice et interprète, l’étoile de la La La La Human Steps a fait bien du chemin depuis ses apparitions dans les spectacles de David Bowie. Elle a fondé sa propre compagnie, Fou Glorieux, et continue de danser avec une intensité fulgurante.
«Les grands noms de la danse, parfois, avancent dans leur pratique beaucoup plus rapidement que les diffuseurs et le public et deviennent moins accessibles. Mais ce n’est pas du tout ce que je sens avec Stations, assure le directeur de la programmation. Je crois que c’est un show qui mérite le respect. Celui-là, pour moi, c’est un incontournable.»
Le [R]éconfort de Casse-Noisette
Féérique tradition du temps des Fêtes, le ballet Casse-Noisette des Grands Ballets Canadiens sera de retour en décembre au Grand Théâtre. En collaboration avec l’Orchestre symphonique de Québec et incluant de jeunes danseurs et danseuses de la région, ce classique réconfortant attire toujours les foules.
Le sacre de Lila, une [R]ésurgence
Projet très personnel du Franco-marocain Ismaël Mouaraki, Le sacre de Lila s’inspire d’un rituel nocturne de guérison qui passe par le chant, la danse et la musique. L’œuvre souligne les 25 ans d’immigration du chorégraphe et les 20 ans de sa compagnie, que Christian Noël a vu évoluer.
«Puisque Mouaraki mixe la danse contemporaine avec le break dance, il mélange tant les cultures que les publics, souligne-t-il. Il a énormément avancé dans sa pratique et est excellent en médiation. Il y aura nécessairement une discussion après le spectacle.»
L’esprit [R]ésistance de Detrás del sur: danzas para Manuel
La nouvelle création de Rafael Palacios s’ancre à la fois dans la littérature et dans l’histoire. Présages, miracles, rébellion, douleurs et déracinements s’y entremêlent dans une envoûtante cérémonie pour invoquer un dieu yoruba qui protège la vie.
Ceux qui évoluent au sein de la compagnie colombienne Sankofa Danzafro portent un héritage afrodescendant, teinté par une culture sud-américaine. «Il y a un côté très social, ils interviennent dans la rue et ils travaillent auprès des gens et des jeunes», explique Christian Noël.
Le désir de présenter ce travail au public de Québec est né d’une discussion avec Pierre Des Marais, directeur général et artistique de Danse Danse. Le mélange de traditionnel et contemporain, le style très athlétique et la force du propos, articulé autour de la résistance, l’ont convaincu.
Le côté [R]assembleur de Minuit quelque part
Dix interprètes et six chorégraphes ont créé ce spectacle hybride, qui s’intéresse au besoin irrépressible de bouger quand la vie nous submerge. Au rythme d’une musique électrisante, l’œuvre rappelle que c’est toujours le bon moment pour danser.
La variété des signatures, qui incluent Lydia Bouchard, qui a été juge à l’émission de télé Révolution, mais aussi Virginie Brunelle et Anne Plamondon, bien connues par les amoureux de danse contemporaine, en fait une œuvre accessible à un large public.
«On n’est pas obligé de tout aimer en danse. Mais dans cet éventail-là, je crois que chacun pourra trouver quelque chose qui va lui plaire», promet notre directeur de la programmation.
Swan Lakes, un classique [R]evisité
À la tête du Theaterhaus Stuttgart en Allemagne, le Québécois Éric Gauthier a invité plusieurs chorégraphes à s’inspirer très librement du ballet Le lac des cygnes pour créer des œuvres nouvelles. Marie Chouinard utilise de la vidéo et de la musique électronique, Hofesh Shechter plonge dans la part d’ombre de l’humanité alors que Cayetano Soto se concentre sur la métamorphose.
La mention «amateurs de tutus s’abstenir», dans la promotion du spectacle, a fait sourire Christian Noël, qui apprécie l’audace et l’esprit frondeur du projet. «J’attends avec impatience ces tableaux très forts, orchestrés par des chorégraphes de grand talent. Décortiquer et remixer ce classique, c’est quelque chose!»
Navy Blue et Hope Hunt: sublimes [R]ébellions
Danse-théâtre chargée d’intensité, le travail de la Londonienne Oona Doherty appelle au changement. La chasse à l’espoir du solo Hope Hunt carbure au bitume et au métal, alors que la troupe en bleus de travail de Navy Blue joue avec les codes du théâtre pour faire réfléchir sur les tiraillements sociaux.
Le doublé avait fait une forte impression à Marie-Hélène Julien, directrice et programmatrice de la Rotonde, lors de sa présentation en Irlande. Si bien que Christian Noël s’est rendu à la représentation à Montréal le printemps dernier et y a vu une nouvelle opportunité de décloisonner la danse.
«Une partie de Navy Blue se passera à l’extérieur, dans le stationnement du Grand Théâtre», annonce-t-il. Une fois dans la salle, la trame sonore percutante et les éclairages sublimes de Hope Hunt devraient contribuer à rendre l’expérience marquante.
Triade, un [R]endez-vous gratuit
Les Croissants-musique sont appréciés depuis longtemps des mélomanes. À l’occasion de la Journée internationale de la danse, Christian Noël a imaginé une variation dansée, présentée gratuitement dans le cadre inspirant du foyer de la salle Louis-Fréchette. «On va pouvoir ouvrir un dialogue avec le public tout en se servant de la beauté du lieu», se réjouit-il.
L’œuvre retenue pour cette première est une exploration d’Érica Morin, du duo Morin-Levasseur, accompagnée d’un violoncelliste et de l’instrument lui-même, qui devient un partenaire de danse.
À ne pas manquer le 28 avril 2024 au foyer de la salle Louis-Fréchette (annonce à venir).
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